vendredi 26 avril 2024

Le Tour du Qatar féminin

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Lareleve.ma-AFP

 

  Le Tour du Qatar féminin, qui finit vendredi, met en avant la volonté officiellement affichée par cet Etat islamique de favoriser l’émancipation de la femme, avec pour résultat un curieux choc des cultures entre cyclistes aux cuissards moulants et Qatariotes portant le niqab.

 

  A Doha, où la polygamie est autorisée, les droits des femmes, largement soumises à l’autorité des maris, restent limités. Depuis 15 ans toutefois, le visage de l’Emirat évolue, sous l’impulsion notamment de Cheikha Moza, l’une des épouses de l’Emir, militante du droit de vote des femmes, finalement obtenu en 2003.

 

  Le discours officiel promeut l’émancipation féminine. Et ces dernières années le pouvoir en place s’est publiquement interrogé sur la place des femmes au sein des compétitions sportives.

 

  Le « Ladies Tour of Qatar », créé en 2009, fait partie de cette réflexion globale dans un pays qui s’est fait une place sur la scène internationale grâce au sport notamment.

 

  Si la première édition de cette épreuve avait attisé la curiosité des badauds, c’est moins le cas cette année. Mercredi et jeudi, la présence des 90 athlètes, vêtues de maillots et cuissards courts et moulants, n’a guère ému les quelques dizaines de spectateurs présents au départ et à l’arrivée des étapes.

 

  Le Qatar est un état islamique; il est d’usage que les étrangers s’habillent « modestement », signale le dépliant touristique d’un grand hôtel de Doha qui « déconseille » les mini-jupes, shorts et décolletés plongeants dans les lieux publics.

 

  Mais Doha, « mélange de tradition et de modernité », d’après le ministère du Tourisme, s’est tellement occidentalisée ces dernières années que les Qatariotes vêtues d’une abaya (longue robe noire qui couvre tout le corps) et portant le traditionnel niqab (ce voile couvrant tout le visage à l’exception des yeux) cohabitent sans le moindre souci avec les sportives du dimanche, en tenues beaucoup plus légères.

 

  Les participantes à l’épreuve cycliste ont cependant reçu quelques consignes de bon sens.

 

  « Pas question de faire comme en Europe en se changeant à côté de la voiture », raconte l’Italienne Giorgia Bronzini, championne du monde en titre. « Nous avons été ‘briefées‘: il y a des choses à ne pas faire, comme enlever son maillot au vu de tous », explique-t-elle.

 

  « Ce Tour du Qatar est une expérience unique pour nous », conclut l’Italienne. Une expérience unique sans doute aussi pour les Qatariotes, parfois étonnées par ce spectacle.

 

  Et si les vélos ont fait leur apparition depuis deux ans dans le centre de Doha, sur le modèle du Vélib’ à Paris, le Tour du Qatar n’est sans doute pas près d’accueillir des concurrentes du cru.

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