samedi 20 avril 2024

Le Maroc, leader émergent du dessalement de l’eau en Afrique du Nord

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Dans un contexte où la sécheresse et le stress hydrique sont désormais des réalités en Afrique du Nord, le Maroc est en passe de devenir un leader régional. Les pays du Moyen-Orient restent encore très avancés dans le domaine, par rapport au royaume, qui pour sa part implémente des projets novateurs au niveau maghrébin.

Le Maroc a encore du chemin pour devenir un leader dans le dessalement de l’eau de mer, au niveau arabe. Mais dans la région d’Afrique du Nord à elle seule, il reste le premier pays à asseoir des projets novateurs dans ce domaine, notamment à travers la mise en place des stations du Grand Casablanca, d’Agadir, de l’Oriental, de Laâyoune et de Dakhla. Dans la région MENA, il est classé sixième, avec un total de 2,37 milliards de dollars investis devant. Il devance la Tunisie (0,95 milliard), l’Algérie (0,21 milliard) et le Koweït (0,13 milliard), selon l’édition 2023 du rapport de BNC Intelligence.

A elle seule, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) représente près de 48% de la production mondiale quotidienne d’eau dessalée, pour un investissement total de 39,3 milliards de dollars. L’Arabie saoudite est largement en tête du classement, avec 14,58 milliards de dollars investis. Elle est suivie des Emirats arabes unis (10,28 MM$), de la Jordanie (4,20 MM$), de l’Egypte (3,26 MM$) et d’Oman (3,16 MM$), puis du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie et du Koweït.

En termes de répartition des investissements dans les projets de pipeline d’eau dessalée par pays, ce sont les Emirats arabes unis qui se taillent la part du lion parmi les pays arabes, avec une valeur de 7,88 milliards de dollars. Elles sont suivies de l’Arabie saoudite (7,56 MM$), de l’Egypte (3,24 MM$), de la Jordanie (3 MM$) et du Maroc (2,17 MM$). Les autres pays de la région totalisent 1,73 milliards de dollars d’investissements.

L’atout du Maroc reste ses côtes atlantiques et méditerranéennes permettant la mise en place de plusieurs projets de dessalement pour l’usage d’eau potable. Mais l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis investissent plus et depuis longtemps, au vu des contraintes climatiques de la région, où le temps sec et aride a poussé tôt à réfléchir à des réponses.

Parmi les projets saillants retenus par le rapport figure ainsi celui de Jafurah (Arabie saoudite), destiné à injecter de l’eau souterraine. Dotée d’une enveloppe de 3,2 milliards de dollars, la station sera opérationnelle d’ici 2027, dotée de technologies d’osmose inversée. Aux Emirats arabes unis, le projet retenu est celui de Mirfa (3 MM$), opérationnel d’ici 2026 à des fins industrielles. Plusieurs autres ont été retenus également pour l’Egypte, Oman et la Jordanie. Pour le Maroc, c’est celui de la station de Casablanca (1,1 MM$) qui figure dans le rapport.

En effet, le document rappelle qu’il s’agit de la plus grande unité de dessalement d’eau de mer en Afrique, pour lutter contre la pénurie d’eau dans la région de Casablanca. Dans un contexte où le Maroc vit désormais la sécheresse la plus dure des 40 dernières années, le taux de remplissage des barrages est au plus bas, tandis que 100% des nappes phréatiques sont en déficit. Le rapport rappelle que c’est ainsi que le royaume a lancé un programme d’installation de stations de dessalement et de purification de l’eau, dont 11 sont en service notamment pour l’usage industriel et 5 autres sont en cours. Dans ce sens, la station de Casablanca représente le projet le plus prioritaire.

Le démarrage des travaux étant prévu en juin prochain, cette unité sera dotée d’une capacité de production de 548 000 m3 par jour, soit l’équivalent de 200 millions de m3 annuellement. Dans d’autres régions, la station de dessalement de Chtouka-Aït Baha, près d’Agadir, est en service depuis janvier 2022.

Au sud du Maroc, à Laâyoune, l’unité déjà en place connaîtra une extension, de façon à élargir sa couverture de manière progressive, afin de répondre aux besoins en eau potable de l’ensemble des habitants de la ville et des zone avoisinantes. A Dakhla, le chantier devrait être achevé en 2025, avec une station d’une capacité quotidienne de production de 90 000 à 100 000 m3 d’eau dessalée par jour, à destination des usages en eau potable et en irrigation de 5 000 hectares de terres.

D’ici 2030, le Maroc devrait s’équiper d’au moins une vingtaine de stations de dessalement de l’eau de mer, avec une capacité de production de 1,3 milliard de m3 par an. 53% de cette production globale sera destinée à l’eau potable, 23% à l’irrigation et 24% à l’industrie.

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