jeudi 18 avril 2024

France: Macron, un président “jupitérien, très préoccupé d’abaisser les corps intermédiaires”

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Emmanuel Macron est « un président jupitérien, très préoccupé d’abaisser les corps intermédiaires », souligne Pascal Ory, historien, membre de l’Académie française, dans une tribune parue mardi dans le quotidien Le Monde.

Sur la réforme des retraites, la France, par  »le caractère structurellement autoritaire de sa culture politique », continue à détonner de ses voisins où prédominent  »les figures du compromis », affirme l’académicien, également professeur émérite à l’université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne.

“Au lieu de regarder hypnotiquement la réforme des retraites, nous devrions regarder plus large − en nous comparant à l’étranger proche − et plus profond − en remontant à la source de nos institutions politiques. Car c’est là, dans le génie propre de notre culture politique nationale, que se niche le nœud du problème, autrement dit sa solution, autrement dit son irrésolution”, souligne-t-il.

Comparant la France à certaines démocraties limitrophes comme la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne, qui ont fait le choix − pour trois d’entre eux après une violente expérience autoritaire, voire totalitaire − d’un régime essentiellement parlementaire, l’académicien relève que l’hexagone est “nettement étrangère à ce mode standard”.

La France “continue à trancher sur ses voisins par le caractère structurellement autoritaire de sa culture politique : centralisée et présidentielle, unitaire et bipolarisée”, estime-t-il. “Tout, on le voit, s’ordonne parfaitement”, remarque-t-on, faisant valoir qu’il suffit d’examiner le mode d’organisation des deux partis aujourd’hui les plus proches d’accéder au pouvoir, à savoir La France insoumise et le Rassemblement national, pour être rassuré : “ce n’est pas demain la veille que la culture politique française fera le choix de la démocratie libérale”.

Aux yeux du membre de l’Académie française, cette démocratie-là “est, vraiment, très loin” de la France et elle “supposerait la décentralisation, poussée jusqu’au fédéralisme, le compromis idéologique permanent, l’appel incessant à la consultation directe des citoyens par voie de votations”.

“Bref : elle supposerait que nous devinssions suisses. Aucun risque. Nous l’avons échappé belle”, ironise Pascal Ory en guise de conclusion.

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