jeudi 25 avril 2024

France: La presse étrille un président qui plonge le pays dans une “situation volatile et dangereuse »

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Les éditorialistes des principaux quotidiens français ont étrillé, vendredi, le Président Emmanuel Macron, qui a opté pour un passage en force à l’Assemblée nationale pour faire adopter son projet très controversé de réforme des retraites, mettant en garde contre une ‘’instabilité’’ qui plonge le pays dans une « situation volatile et dangereuse ».

« L’utilisation de l’article 49.3, pour éviter un vote qu’il risquait de perdre, démontre encore une fois l’arrogance du Président vis-à-vis de la démocratie. C’est dans l’instabilité que sa réforme mal acquise pousse la France et ses travailleurs », dénonce l’éditorialiste de Libération.

Macron a cassé tous les œufs qu’il avait au frigo, mais n’a pas réussi à faire d’omelette, renchérit-il, ajoutant qu’après des semaines de déclarations contraires, il a dégainé un « honteux article 49.3 pour éviter un vote qu’il risquait de perdre ».

Le journal met en garde contre un durcissement des protestations, un rejet des institutions de la République et l’ouverture de la brèche populiste par laquelle l’extrême droite pourrait s’engouffrer.

« Le Président pourrait sauver les meubles en annonçant que la loi sera abrogée après son passage antidémocratique. Mais ce n’est pas son genre d’écouter les Français », ironise le commentateur.

Le Figaro écrit, de son côté, que face à un front du refus massif dans la rue, les sondages et à l’Assemblée nationale, l’exécutif est « plus que jamais affaibli », ajoutant que la fin n’est pas encore écrite, mais ce feuilleton des retraites en dit long sur l’état du débat politique en France, avec une réforme qui met la société sens dessus dessous, aiguillonnée par des syndicats dont certains ne rêvent que de « mettre l’économie à genoux ».

Jeudi, l’exécutif a employé la manière forte pour l’adoption de sa réforme, mais celle-ci a quand même le « goût de l’échec », soutient l’éditorialiste.

Pour Le Monde, les scènes déclenchées, jeudi 16 mars, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Assemblée nationale sont « symptomatiques du climat politique » et vont bien au-delà des protestations que suscite d’ordinaire l’activation de l’article 49.3 de la Constitution.

Cette fois, une atmosphère de « crise politique » flotte sur le pays parce que, dix mois seulement après la réélection d’Emmanuel Macron, la légitimité d’une réforme qu’il a portée durant la campagne présidentielle est posée face à des oppositions et des syndicats qui « useront de toutes les armes possibles pour le contraindre à reculer », dans un contexte où l’absence d’alliés fiables pour construire des compromis et stabiliser le quinquennat, rend « la situation aussi volatile, inflammable et dangereuse », analyse-t-on.

“Emmanuel Macron et Elisabeth Borne qui ont invoqué le risque financier que ferait courir, selon eux, un abandon pur et simple de la réforme, mais c’est d’abord son quinquennat que le chef de l’État cherche à sauver de l’enlisement”, estime le commentateur, ajoutant que le risque encouru est de se couper durablement du pays, d’entretenir un ressentiment tenace voire de susciter des étincelles de violence.

Pour Le Parisien, « si la réforme est sécurisée, le risque est désormais que les manifestations se radicalisent en s’amenuisant, ou que le pays s’enfonce un peu plus dans une humeur résignée, renfrognée, apathique, faisant observer qu’Emmanuel Macron doit maintenant trouver un projet pour que le pays tourne la page des retraites. Un sacré défi ».

L’Opinion relève, à son tour, que le chef de l’État a fait le choix du 49.3 pour garantir l’adoption de la réforme des retraites. Quitte à se mettre le pays à dos et à abîmer sa propre image.

Il s’agit d’un « échec », alors que la Première ministre s’était engagée à trouver une majorité sur ce texte capital, note l’éditorialiste.

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