jeudi 25 avril 2024

Le Parlement européen condamne la situation des droits de l’Homme en Tunisie

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Le Parlement européen a adopté, jeudi, une résolution exhortant les autorités tunisiennes à libérer toutes « les personnes détenues arbitrairement et à respecter la liberté d’expression».

Intitulée « Récentes atteintes aux syndicats, à la liberté d’expression et d’association, en particulier le cas du journaliste Noureddine Boutar » (directeur de la radio privée «Mosaïque FM », très écoutée en Tunisie, ndlr), la résolution a été déposée, mardi, au Parlement européen par Emmanuel Maurel, membre fondateur de la Gauche républicaine et socialiste, au nom du groupe The Left.

La résolution a été adoptée par 496 voix pour, 28 contre et 13 abstentions.

Se disant «profondément préoccupés par la dérive autoritaire du président tunisien Kaïs Saïed et son instrumentalisation de la situation socio-économique désastreuse de la Tunisie pour renverser la transition démocratique historique du pays», les eurodéputés exigent la fin de ce qu’ils qualifient de «répression en cours à l’encontre la société civile dans le pays », indique un communiqué publié sur le site de l’institution.

Depuis le 11 février une vague d’arrestations vise les milieux politiques, médiatiques et des affaires en Tunisie. Ce coup de filet -dénoncé par l’opposition comme une « dérive autoritaire »- suscitait des inquiétudes de l’autre côté de la Méditerranée.

Les eurodéputés exhortent les autorités tunisiennes « à libérer immédiatement Noureddine Boutar, interpellé le mois dernier par des unités antiterroristes pour des motifs politiques et des allégations infondées », souligne le communiqué.

Le Parlement européen « demande instamment aux autorités de libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris les journalistes, les magistrats, les avocats, les militants politiques et les syndicalistes, et de respecter la liberté d’expression et d’association et les droits des travailleurs, conformément à la Constitution tunisienne et aux traités internationaux », ajoute le communiqué.

Le 14 février 2021, Le président de la République, Kaïs Saïed -qui avait imposé le 25 juillet 2021 des mesures d’exception au nom d’un « péril imminent »- avait accusé certains des prévenus d’être impliqués dans un complot contre la sûreté de l’Etat, les tenant, en outre, pour responsables de la pénurie des produits de base et de la flambée des prix.

Les députés du Parlement européens exigent également « la suspension des programmes spécifiques de soutien de l’UE aux ministères tunisiens de la Justice et de l’Intérieur ». Ils exhortent le chef de la politique étrangère de l’UE Josep Borrell et les États membres à « dénoncer publiquement la grave détérioration de la situation des droits humains en Tunisie ».

Le Parlement européen a condamné, en outre, fermement le « discours raciste » du président Saïed contre des migrants subsahariens et « les attaques qui ont suivi et appelle les autorités à se conformer aux lois internationales et nationales ».

Lors d’un Conseil national de sécurité, tenu le 21 février 2023, le président tunisien, avait évoqué des «  masses incontrôlées et des hordes de migrants clandestins » en provenance de l’Afrique subsaharienne avec comme objectif de « transformer la composition démographique de la Tunisie ».

Ces propos ont provoqué un tollé en Tunisie dans les rangs de la société civile et de larges franges de la population ainsi que des réactions de certaines chancelleries africaines établies en Tunisie et de l’Union africaine.

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