samedi 27 juillet 2024

L’économiste franco-égyptien Samir Amin tire sa révérence

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Le directeur du Forum du Tiers-monde, l’économiste franco-égyptien Samir Amin est décédé dimanche à Paris (France) des suites d’une maladie, a-t-on appris de plusieurs sources.

 

Sur sa page facebook, l’économiste sénégalais Cherif Salif Sy écrit que Samir Amin, qui vivait à Dakar, « est décédé cet après midi dans un hôpital parisien ».

Selon M. Sy, « le directeur du Forum du Tiers-monde était hospitalisé dans un hôpital parisien depuis le 31 juillet ».

Il poursuit en disant que « Samir Amine a quitté samedi l’hôpital pour retourner dans sa maison, avant de revenir à l’hôpital ».

Samir Amin était un économiste et théoricien des relations de domination Nord-Sud. Il a enseigné dans des universités françaises et à Dakar.

Il est auteur de plusieurs ouvrages sur le droit, la société civile, le socialisme, le colonialisme et le développement, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe et islamique.

Parmi ses nombreuses publications figurent Eurocentrisme (1988), L’empire du chaos (1991) et Au-delà du capitalisme (1998).

Né au Caire d’une mère française et d’un père égyptien, tous deux médecins, Samir Amin a passé son enfance et son adolescence à Port-Saïd où il suivit les cours d’une école française et obtint son baccalauréat (de type français) en 1947.

De 1947 à 1957, il étudie à Paris, et décroche un diplôme de sciences politiques à Sciences Po Paris (1952) avant son diplôme en statistique (1956) et en économie (1957). Il est aussi professeur agrégé en sciences économiques. Dans son autobiographie Itinéraire intellectuel (1990), il écrit qu’afin de passer un temps substantiel en «action militante», il ne pouvait consacrer qu’un minimum de travail à la préparation de ses examens universitaires.

À son arrivée à Paris, Samir Amin rejoint le Parti communiste français (PCF), mais il se distanciera plus tard du communisme soviétique et s’associe pendant un certain temps à des cercles maoïstes.

Sa théorie majeure est celle du développement inégal différenciant les centres du capitalisme où l’appareil de production s’est développé et où le prolétariat peut accéder au statut de classe moyenne consommatrice et leurs périphéries, où sont produites ou extraites les matières premières transformées et valorisées dans les centres et où le prolétariat ne peut accéder à l’autonomie matérielle.

Théoricien principal de l’antimondialisme, puis l’altermondialisme, il préconise une manière de «développementisme marxiste» comme prolongement au tiers-mondisme de ses années maoïstes.

Moins connu est le fait que sa grille de lecture économiste en fait un historien des «formes précapitalistes» des pays colonisés, notamment africains, mais aussi à propos de la Chine. Sa compréhension de l’histoire à l’aune du mode de production en fait aussi un analyste critique de la géopolitique postérieure à la dissolution de l’Union soviétique et des manipulations ethniques, nationales et religieuses consécutives à 1989.

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