samedi 27 juillet 2024

La campagne de boycott débattue par les invités de l'émission « Qadaya Wa Araa »

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L’émission-débat « Qadaya wa araa », présentée ce mardi 12 juin sur la chaine Al Oula,  a débattu du sujet du boycott de trois produit de consommation, notamment du lait produit par une filière d’une société française.

Plusieurs invités on pris part  à cette émission pour débattre des différentes facettes de ce sujet d’actualité.

Préparée par Abderrahmane El Adaoui et réalisée par Mohamed Bedari, l’émission  a été riche en information, et les spectateurs ont eu droit à la diffusion d’un micro trottoir lors duquel plusieurs citoyens se sont exprimés sur le sujet du boycott.

Ainsi, certains d’entre eux ont affirmé que « le gouvernement doit intervenir et trouver une solution pour préserver les intérêts des agriculteurs », précisant que ‘les consommateurs sont autant atteints que les agriculteurs. »

D’autre ont vu que « l’investissement étranger est en train de subir des préjudices » à cause de ce boycott.

Un des citoyens a invité  l’état pour assumer sa responsabilité et en   exerçant son contrôle sur la structure des prix et ce au profit des consommateurs.

Un autre considère que « le boycott est anarchique. Il faut que les boycotteurs soient encadrés pour ne pas perturber les équilibres économiques », dit-il.

Pour Mohamed Ziwani,  représentant d’une coopérative agricole à Sidi Kacem, et qui a participé au débat: « c’est le lait qui est la source principale de revenu des agriculteurs. Sans les revenus tirés  de vente de lait, l’agriculteur va être confronté à un endettement endémique. »

Pour Hassan Bouselmane, responsable au sein de la direction de concurrence au ministère des affaires générales : « la libre concurrence est la règle, la réglementation l’exception.

Toutefois, précise-t-il,  l’état surveille la grille tarifaire des produits de consommation et sanctionne toute augmentation abusive des prix ou toute entente abusive, ajoutant que « L’état accorde une priorité et un intérêt suprême au pouvoir d’achat des citoyens ».

Mohamed Harakat, Professeur de gouvernance et économie politique à l’Université Mohammed v – Rabat, précise que la conjugaison de ces éléments, à savoir: Le gouvernement qui ne dispose d’aucune vision économique depuis 2011, le gel depuis 2011 des salaires et la démocratisation d’internet, a fait que les consommateurs se sont trouvés face à face avec les entreprises, du fait de l’absence d’espaces de médiation appropriés..

Le Sociologue Fawzi Boukhriss, quant à lui, voit que « les efforts de l’état pour dynamiser l’économie ne sont pas soutenus par le devoir des pouvoirs publics de contrôler la concurrence. »

« Actuellement Il n’y a aucune autre activité que celle de la production du lait qui peut assurer une source de revenu stable pour le fellah », précise-t-il.

Pour le sociologue Fawzi Boukhriss: « On ne peut pas expliquer le boycott actuel, sans rappeler les propos d’Auguste ayant pointé du doigt l’échec du modèle économique « .

En effet, ajoute Boukhriss, cela s’explique par l’échec des partis politiques dans l’encadrement de la participation citoyenne qui aspirent à défendre leurs intérêts.

« Il y a un risque avéré d’une instrumentalisation malveillante des revendications des boycotteurs,  eu égard  à l’absence d’espaces de médiation », affirme Fawzi Boukhriss, et en raison de cette campagne de boycott, Le fellah est aujourd’hui menacé dans sa subsistance .

Et Boukhriss de conclure que « la campagne de boycott demeure civilisée. La solution au boycott doit être institutionnelle et inclusive. Il faut améliorer la gouvernance en privilégiant le dialogue et la concertation pour éviter les instrumentalisations de cette campagne à des fins idéologiques. »

L’émission a pris fin avec ce message prononcé par Mohamed Ziwani qui lance un appel au nom de l’agriculteur, soulignant que sa corporation est profondément laminé par cette campagne de boycott au point qu’il n’a pas de quoi célébrer l’Aid avec sa famille. Il souligne qu’en cas de faillite, il sera obligé de recourir à l’exode rurale en s’installant dans un bidonville.

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