samedi 27 juillet 2024

Les relations Maroc-Espagne tirent profit de la crise

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Lareleve.ma-AFP

 

  La crise économique qui secoue l’Espagne et à un degré moindre le Maroc semble jouer en faveur d’un renforcement des relations entre les royaumes voisins, qui affichent une volonté de faire front commun, au-delà de leurs vieilles divergences diplomatiques.

 

  Les chefs de gouvernements Abdelilah Benkirane et Mariano Rajoy se retrouvent mercredi à Rabat pour la 10e rencontre de haut niveau, la première depuis 2008, qui marque également le 20e anniversaire du traité de « bon voisinage ». De multiples accords doivent être signés à cette occasion.

 

  Les liens sont déjà importants: l’Espagne compte la deuxième communauté marocaine au monde (environ un million de personnes) après la France. Deuxième partenaire commercial, elle est devenue en janvier le premier partenaire économique devant Paris. Environ 20.000 de ses PME exportent vers le Maroc.

 

Et, au-delà des désaccords persistants sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, la période actuelle paraît donc particulièrement propice.

 

  « C’est un bon moment pour nous. La crise en Europe a apporté des opportunités » et les sujets délicats « se font moins ressentir », indique à l’AFP l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, Alberto Navarro. « Cela amène nos entreprises à regarder hors de l’UE et, dans ce cas-là, on débute par ses voisins », dit-il.

 

  En outre, du point de vue économique, le Maroc, s’il n’est pas touché comme l’Espagne, connaît un net ralentissement de sa croissance -qui devrait passer de 4,5% en 2011 à moins de 3%- et cherche davantage de débouchés.

 

  Bilan: les seules exportations espagnoles vers le Maroc ont connu une hausse de plus de 20% au premier semestre 2012 par rapport à l’année précédente.

 

  « Il y a un réchauffement né d’une volonté commune de se prémunir des crises, économiques bien sûr mais aussi migratoires », renchérit la source diplomatique, qui note que l’Espagne a été le seul pays européen cité par le roi Mohammed VI dans son dernier discours en août.

 

  La gestion de l’immigration illégale en provenance d’Afrique subsaharienne est une pomme de discorde potentielle. Mais les derniers cas épineux en date ont été gérés dans une parfaite entente apparente.

 

  Le mois dernier, un projet de coopération transfrontalière baptisé « Idara » a été mis en œuvre dans le cadre d’un programme financé par des fonds européens.

 

  L’action conjointe a « prouvé son efficacité dans plusieurs domaines, dont celui de la migration légale et clandestine », a récemment commenté le gouvernement marocain, insistant aussi sur la menace islamiste au Sahel.

 

  « Plusieurs indicateurs ont montré l’existence d’un vrai changement dans les relations Rabat-Madrid », s’est pour sa part félicité le quotidien At-Tajdid, proche du parti islamiste au pouvoir, le PJD.

 

  Sur le plan politique, Mariano Rajoy s’est déjà rendu en janvier à Rabat, pour son premier déplacement à l’étranger. Abdelilah Benkirane lui a rendu la politesse en mai, pour sa seule visite jusque-là dans une capitale européenne.

 

  Mercredi, M. Rajoy débarque au Maroc avec un cortège de ministres. Parallèlement, une réunion entre les dirigeants des patronats des deux pays est programmée. En septembre, outre un premier forum interparlementaire, une mission commerciale espagnole de prospection s’était rendue sur place.

 

  Pour accroître son poids commercial, Madrid compte notamment sur l’ambitieux plan marocain de développement de l’énergie solaire, qui prévoit d’ici à 2020 la construction de cinq parcs. Déjà, elle est partie prenante pour celle du site de Ouarzazate.

 

  Quant aux décisions qui doivent être annoncées mercredi, plusieurs sont susceptibles d’obtenir un accueil très favorable au Maroc, tels un assouplissement des procédures pour certaines catégories de visas.

 

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