mercredi 8 mai 2024

La tuberculose tue une personne toutes les 20 secondes

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Anne Jeanblanc

 

  En plus des adultes, la tuberculose est responsable du décès de deux cents enfants par jour dans le monde, des chiffres dramatiques trop souvent ignorés. Or, elle frappe parfois à côté de nous. Elle réapparaît d’ailleurs depuis quelques années en Europe et en France, qui plus est sous des formes particulièrement virulentes et résistantes aux traitements. À l’occasion de la journée qui lui est consacrée vendredi, partout dans le monde, les associations Aides, Avocats pour la santé dans le monde et One rappellent quelques chiffres qui indiquent bien l’ampleur du problème : une personne sur trois est infectée dans le monde par des germes de tuberculose dormants ; environ 10 % des individus contaminés vont développer la maladie ; le risque de développer la maladie est multiplié par 50 chez les porteurs du virus du sida. On compte actuellement neuf millions de nouveaux malades chaque année, dont 450 000 cas de tuberculose résistante aux traitements. Enfin, toute personne atteinte peut infecter entre dix et quinze autres personnes en un an.

 

  La tuberculose est une infection qui se transmet par voie aérienne. Elle touche principalement le poumon, mais aussi, de façon moins fréquente, d’autres organes. La très grande majorité des malades se trouvent dans les pays en voie de développement. La pandémie liée au VIH a également entraîné une forte progression de la tuberculose. Et même s’il existe des traitements, ils sont de moins en moins efficaces en raison des résistances des bacilles en cause. C’est pourquoi la tuberculose résistante a entraîné le décès de 1,5 million de personnes au cours des dix dernières années.

 

Populations pauvres

 

  La résistance est aussi le sujet qui mobilise cette année l’ONG Médecins sans frontières. Qu’elles travaillent en France ou dans les pays en développement, ses équipes s’inquiètent particulièrement de l’émergence de souches multi-résistantes aux médicaments. « La tuberculose est une maladie négligée, parce qu’elle touche des populations pauvres, souvent non solvables, regrette le docteur Francis Varaine, spécialiste de la tuberculose à MSF. Les années passent et les outils, les moyens et les obstacles restent désespérément les mêmes. Rien, ou presque, n’a changé dans la façon de prendre en charge les patients depuis plus d’un demi-siècle. Certains médicaments que nous utilisons datent des années 1940. Ils provoquent de tels effets secondaires que le quart des patients préfèrent arrêter leur traitement, parce qu’ils ne le supportent pas. »

 

  L’Organisation mondiale de la santé, quant à elle, estime que la tuberculose est souvent sous-diagnostiquée chez les enfants, de la naissance à 15 ans, en raison de leur manque d’accès aux services de santé, ou parce que les agents de santé qui s’en occupent sont mal préparés. Avec une meilleure formation et une harmonisation des programmes de soins aux enfants, les épisodes graves et les décès pourraient être évités chez des milliers de petits chaque année. Néanmoins, « les taux de mortalité ont baissé de 40 % dans l’ensemble par rapport à 1990, et des millions de vies ont été sauvées », selon le docteur Mario Raviglione, directeur du département OMS Halte à la tuberculose. Mais ce n’est pas suffisant. » Il en coûterait moins de 3 cents de dollars par jour pour éviter que les enfants ne tombent malades et 50 cents de dollars par jour pour les guérir », ajoute le docteur Lucica Ditiu, secrétaire exécutif du partenariat Halte à la tuberculose.

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