samedi 27 juillet 2024

Le ministère de l'Energie et des Mines doute de l'authenticité de la queue de dinosaure vendue au Mexique

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Le ministère de l’Energie, des Mines et du Développement durable vient de réagir à la vente, le 16 janvier au Mexique, d’une queue de dinosaure qui aurait été trouvée au Maroc.

 

Dans un communiqué diffusé lundi 22 janvier, le département de Aziz Rabbah indique avoir pris connaissance, par certains organes de presse électronique, de la mise en vente par la maison mexicaine Morton « d’un spécimen fossile du Maroc, jugé de valeur patrimoniale ».

Selon la maison de vente aux enchères, le fragment de queue de dinosaure appartiendrait à l’espèce Atlasaurus Imelakei, et aurait été trouvé dans la région d’Azilal.

Des restes provenant de plusieurs espèces?

Or, selon le ministère qui s’est appuyé sur des « spécialistes en paléontologie marocaine », même si les vertèbres de cet animal qui vivait en Afrique du Nord il y a environ 165 millions d’années provenaient réellement du Maroc, « cette queue de sauropode serait restaurée à partir d’un assemblage de vertèbres trouvées isolées, n’émanant pas de la même espèce et assemblées par un marchand ».

« Aucune découverte de queue complète de sauropode n’a jamais été faite au Maroc », rappelle en effet le ministère, qui souligne que le fait qu’Atlasaurus soit l’ancêtre de tous les sauropodes « donne un vernis commercial supplémentaire » à la vente du fossile.

« Autrement, si ces fragments avaient été le résultat d’une fouille de scientifiques, un plan de fouille aurait dû être associé au spécimen vendu », précise le ministère, qui rappelle qu’officiellement, il n’y a pas eu de fouilles dans l’Atlas depuis la découverte, en 1979 par des équipes marocaines et internationales, de ce grand sauropode baptisé « Atlasaurus Imelakei », et dont la queue est toujours conservée dans les locaux du ministère, ainsi qu’une copie.

Le ministère de l’Energie et des Mines précise que c’est en 1999, soit vingt ans après sa découverte, que ce dinosaure a été officiellement baptisé « Atlasaurus Imelakei » par le géologue suisse Michel Monbaron et son équipe, qui ont mené les fouilles.

Des précédents

Ce n’est pas la première fois que le ministère, et notamment sa direction de la géologie, mène l’enquête sur la vente à l’étranger de fossiles provenant du Maroc. En mars dernier, la mise en vente par l’Hôtel Drouot à Paris d’un squelette de dinosaure trouvé au Maroc avait été annulée et le fossile rapatrié.

Dernière affaire similaire en date: la vente d’ossements de spinosaure provenant de la région de Kem-Kem en octobre dernier. Le ministère « avait mené des enquêtes dans le but d’apporter des éléments d’information pour l’ouverture d’une enquête judiciaire », rappelle-t-il, soulignant que ces enquêtes ont confirmé que la direction de la géologie n’a délivré « aucun avis favorable » pour l’exportation de ces spécimens « jugés de valeur patrimoniale ».

Le fossile a été acheté mardi dernier par un acquéreur mexicain qui a requis l’anonymat, pour la somme de 1,8 million de dollars. Une partie des fonds de cette vente sont censés servir à reconstruire des écoles mexicaines endommagées par le tremblement de terre qui a frappé la capitale du Mexique en septembre dernier.

La queue de dinosaure, qui mesure 4 mètres et pèse 180 kilos, provenait d’une galerie d’art mexicaine spécialisée dans les minéraux et fossiles, la Pietra Gallery.

Contactée par le HuffPost Maroc, la chargée de relations publiques de la galerie, Tatiana Romero, a indiqué que cette pièce avait été acquise aux Etats-Unis à une société américaine, sans vouloir préciser le nom de celle-ci pour des raisons de confidentialité. Le fossile « faisait partie d’une de leurs vieilles collections », a-t-elle précisé, expliquant que « la pièce a été importée au Mexique et assemblée par l’équipe de designers » de la galerie.

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