jeudi 2 mai 2024

Peter Higgs, prix Nobel de physique et «père» du boson, est mort à 94 ans

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Le physicien britannique Peter Higgs, prix Nobel en 2013 pour ses travaux sur le « boson de Higgs », une particule élémentaire considérée comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, est mort lundi à l’âge de 94 ans, a annoncé mardi l’université d’Édimbourg. 

« Il s’est éteint paisiblement à son domicile le lundi 8 avril à la suite d’une courte maladie », a indiqué l’université, dont le scientifique a longtemps été professeur émérite, dans un communiqué.

Peter Higgs avait reçu le Nobel de physique en 2013 avec le Belge François Englert. Ils ont été récompensés pour avoir jeté les bases théoriques, dès 1964, qui allaient mener à la découverte du boson en 2012 au sein du laboratoire suisse du CERN.

Le boson de Higgs est considéré par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, la particule élémentaire qui donne leur masse à nombre d’autres, conformément à la théorie dite du « Modèle standard ».

Dans les efforts de vulgarisation de cette découverte, le boson a été surnommé « particule de Dieu » parce qu’il est partout, tout en étant particulièrement insaisissable.

« Peter Higgs était une personne remarquable — un scientifique vraiment doué dont la vision et l’imagination ont enrichi notre connaissance du monde qui nous entoure », a souligné Peter Mathieson, directeur de l’université d’Édimbourg, cité dans le communiqué.

« Son travail de pionnier a motivé des milliers de scientifiques, et son héritage continuera d’en inspirer beaucoup d’autres pour les générations à venir », a-t-il ajouté.

   Physicien modeste et technophobe

Peter Higgs devait son prix Nobel de physique à un éclair de génie : l’intuition qui l’avait conduit en 1964 à postuler l’existence d’une particule élémentaire, baptisée « boson de Higgs » 

Chercheur timide et discret, il s’est éteint « paisiblement à son domicile le 8 avril à la suite d’une courte maladie », a annoncé mardi l’université d’Édimbourg, en Écosse, dont le scientifique a longtemps été professeur émérite, dans un communiqué.

À la retraite depuis quelques années, Peter Higgs, qui a reçu le Nobel en 2013 avec le Belge François Englert, avait jeté en 1964 les bases théoriques qui allaient mener à la découverte du boson en 2012 au sein du laboratoire suisse du CERN.

Cet homme modeste, qui déteste les gadgets technologiques en tout genre au premier rang desquels les téléphones portables, s’était exclamé à l’époque de sa découverte : « Oh, merde, je sais comment faire ! »

Il venait d’avoir l’intuition d’un « champ » qui ressemblerait à une sorte de colle, où les particules se retrouveraient plus ou moins engluées, avait-t-il raconté à son ancien collègue Alan Walker.

Higgs a, à l’époque, publié un document sur sa théorie, devenant le porte-drapeau d’une école scientifique à laquelle plusieurs physiciens ont contribué au fil des ans.

Timide et discret, le scientifique à la santé fragile avait choisi de s’éloigner pendant quelques jours d’Édimbourg lors de l’annonce de son Nobel, redoutant l’affluence de journalistes et autres admirateurs devant sa porte, rapportait le Sunday Times à l’époque.

Injoignable au téléphone immédiatement après l’annonce de sa récompense, il avait ensuite expliqué avoir appris sa victoire dans la rue lorsqu’une ancienne voisine l’avait abordé pour le féliciter.

« Ça a mis du temps à arriver », avait-il confié lorsqu’il avait fini par se présenter devant la presse trois jours plus tard.

   Athée et découvreur de la « particule de Dieu »

Cette récompense est intervenue après la découverte en juillet 2012 à Genève, par l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) d’une particule « compatible » avec le boson qui porte son nom, objet d’intenses recherches depuis des décennies.

Présent lors de cette annonce, Peter Higgs, en costume gris et chemise blanche à col ouvert, avait été accueilli par une ovation lors de son entrée dans l’auditorium où les physiciens du CERN allaient ensuite annoncer qu’ils avaient mis la main sur ce qu’ils estiment être le chaînon manquant de la physique des particules.

« Je n’imaginais absolument pas que cela arriverait de mon vivant » avait déclaré, dans une vidéo diffusée après l’annonce, cet homme aux joues rouges, aux sourcils blancs et au crâne dégarni.

Né le 29 mai 1929 à Newcastle, dans le nord de l’Angleterre, Peter Higgs était titulaire d’un doctorat du King’s College de Londres et détenait plusieurs diplômes honorifiques et de nombreuses récompenses (Royal Society, Institute of Physics, etc).

Le chercheur avait vu son premier article sur le boson rejeté par la revue Physics Letters, éditée à l’époque par le CERN, l’organisation même qui a ensuite dépensé beaucoup d’énergie pour valider son intuition.

Une deuxième version plus élaborée du document a ensuite été publiée aux États-Unis.

En 2016, il était sorti de sa réserve habituelle et signé une tribune avec treize autres prix Nobel britanniques, s’inquiétant dans le Daily Telegraph des conséquences d’un potentiel Brexit qui mettrait la recherche scientifique du Royaume-Uni « en péril ».

« C’est un homme avec des manières très douces et polies, mais qui devient tenace si vous dites quelque chose de faux » dans le domaine de la physique, avait expliqué à l’AFP Alan Walker, lui-même à la retraite, après avoir collaboré avec Higgs.

En homme modeste au flegme tout britannique, il a longtemps grincé des dents à l’évocation du terme « boson de Higgs », dit-on. En tant qu’athée, Higgs n’est pas plus admirateur de l’autre surnom donné à ce boson, « la particule de Dieu ».

Avant le Nobel, Higgs avait déjà partagé certaines de ses récompenses avec François Englert, aujourd’hui âgé de 91 ans, et d’autres physiciens ayant contribué à la théorie du boson.

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