samedi 27 juillet 2024

Le Maroc : Principal pays de la région qui peut faire face à l’influence de l’Iran et freiner son expansion

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L’Iran cherche depuis longtemps à étendre son influence en Afrique, consolidant sa présence sur le continent par la diffusion du chiisme et par des projets commerciaux et économiques. Cependant, les efforts et les ambitions de Téhéran se heurtent à la présence historique, culturelle, religieuse et commerciale du Maroc en Afrique.

C’est pourquoi le Royaume est le principal pays de la région qui peut faire face à l’influence de l’Iran et freiner son expansion. Rabat est considéré comme une référence spirituelle pour les différents mouvements soufis du continent, où ses imams sont déjà présents. Le Maroc est également un lieu de rencontre régulier pour les différents leaders politiques, religieux et tribaux de la région du Sahel.

Par exemple, le Forum international des membres des ordres soufis est organisé chaque année dans le Royaume avec la participation de 50 pays sous le patronage de SM le Roi Mohammed VI. L’événement se déroule dans l’un des principaux sanctuaires soufis – Sidi Shekar – près de la ville de Marrakech.

Plusieurs zawiyas soufies en Afrique sont liées à des centres soufis au Maroc. Par exemple, la zaouïa Tijaniya au Sénégal organise des rassemblements religieux de style marocain et commémore la mort des rois marocains, ce qui indique le lien étroit entre ces zaouïas en Afrique et au Maroc.

L’initiative atlantique pour l’Afrique consolide l’influence marocaine

Les analystes estiment que la diffusion de la culture soufie rendra plus difficile la prédication du chiisme en tant que mouvement politique, ce qui est l’objectif de l’Iran en Afrique. Mohammed Al-Tayyar, chercheur marocain en sécurité et études stratégiques, explique à Al-Arab que « l’Iran a tenté d’étendre son influence sectaire dans les pays d’Afrique de l’Ouest, du Sahel et d’Afrique du Nord, mais il s’est heurté aux racines soufies du Maroc ». « L’ancienne autorité religieuse marocaine est un obstacle à l’expansion du chiisme iranien », ajoute-t-il.

Al-Tayyar estime qu’idéologiquement, « l’Iran ne peut pas suivre le rythme du Maroc, qui a renoué ses relations avec les ordres soufis en Afrique et s’est engagé dans la formation d’imams et de guides africains dans les instituts religieux nationaux par le biais de la Fondation Mohammed VI pour les érudits africains ».

D’autre part, l’initiative atlantique pour l’Afrique annoncée par SM le Roi Mohamed VI, ainsi que le réseau de relations économiques avec de nombreux pays, ont accru l’influence marocaine, tant sur le plan économique que politique, affaiblissant la puissance iranienne de la même manière qu’elle a affaibli la domination algérienne auparavant.

Le Maroc a annoncé en septembre dernier qu’il était prêt à développer des « infrastructures portuaires et ferroviaires » à la disposition des pays sahéliens enclavés que sont le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Par ailleurs, les trois premiers pays ont annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à la fin du mois de janvier à la suite de coups d’État.

La stratégie de l’Iran en Afrique 

De son côté, le président iranien Ebrahim Raisi s’est rendu en juillet au Kenya, en Ouganda et au Zimbabwe, pays avec lesquels il a promis de conclure des accords énergétiques, sans toutefois annoncer de projets clairs. Si ces pactes ont été signés, il est difficile de les mettre en œuvre en raison des sanctions américaines.

Cela montre comment l’Iran tente de pénétrer en Afrique, en profitant des réseaux qu’il a réussi à créer dans certains pays africains importants comme le Nigeria, ainsi que des réseaux établis par son allié le Hezbollah au sein de la communauté libanaise en Afrique.

Téhéran cherche à construire des partenariats économiques, même limités, pour commencer à consolider sa présence sur le continent. Suite à cette coopération économique, Téhéran pourrait poursuivre son expansion en créant des milices, en les entraînant et en leur fournissant des armes, comme il l’a fait au Moyen-Orient avec le Hezbollah, le Hamas, les Houthis du Yémen et les milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie.

Outre la coopération économique, Téhéran a signé en octobre dernier une série d’accords de partenariat avec le Burkina Faso dans les domaines de l’énergie, de l’urbanisme, de l’enseignement supérieur et de la construction.

De même, Téhéran, qui produit également des drones de combat, a annoncé fin janvier la création de deux universités au Mali, ainsi que la signature d’une série d’accords de coopération.

La Turquie et la Russie, autres acteurs clés en Afrique

Toutes les actions de l’Iran en Afrique sont basées sur une politique caractérisée par un langage révolutionnaire et une logique anti-impérialiste et tiers-mondiste. Cependant, de nombreux accords signés n’aboutissent pas et leur influence se heurte, dans le cas de l’Afrique de l’Ouest ou de l’Afrique centrale, à la Turquie, une autre nation qui a redoublé sa présence sur le continent.

Ankara a fourni des avions de chasse et des hélicoptères à des pays comme le Mali et le Burkina Faso pour combattre les groupes djihadistes, se positionnant comme une alternative à l’Europe et à la Russie, un autre pays qui se développe dans la région pour profiter du retrait de la France.

Source: Atalayar

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