samedi 27 juillet 2024

Stress hydrique au Maroc: stratégies et défis face à la crise

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Le Maroc traverse une crise hydrique critique, résultant d’une combinaison de facteurs naturels et humains qui ont conduit à une diminution alarmante des ressources en eau disponibles par habitant, passant de 2560 m³ en 1960 à seulement 606 m³ en début 2024. Cette situation est exacerbée par la baisse significative des apports en eau aux réservoirs, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis 1945, avec une moyenne de 3,6 milliards de m³, soulignant la gravité de la crise hydrique que le pays affronte.

En réponse à cette crise sans précédent, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, avait présenté devant la chambre des représentants un plan d’action exhaustif destiné à contrer les défis posés par la diminution des ressources hydriques. Le plan vise à assurer que la pénurie d’eau ne freine pas le développement économique et social du Maroc. Il repose sur plusieurs axes stratégiques, notamment l’augmentation de la capacité de production d’eau dessalée à plus d’un milliard de mètres cubes annuellement, destinée à divers usages tels que l’eau potable, l’industrie, le tourisme, et l’irrigation. D’autres mesures comprennent la redistribution d’eau entre les bassins hydriques, la préservation des nappes phréatiques critiques, et l’amélioration de l’efficacité des réseaux de distribution d’eau potable, avec un objectif d’efficacité fixé à 80% d’ici 2030.

Un stress hydrique structurel

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a également mis en lumière l’urgence de la situation, en publiant un rapport qui évalue le potentiel du Maroc en ressources hydriques renouvelables à 22 milliards de m³ par an, soit 606 m³ par habitant. Le rapport souligne la tendance à la baisse des ressources disponibles depuis 1945, la raréfaction et la répartition inégale des ressources en eau de surface, ainsi que le recul alarmant des niveaux des eaux souterraines. Le CESE recommande le développement d’un plan national de sécheresse, la mise en place d’un système d’alerte précoce, et la généralisation de l’assurance agricole pour atténuer les effets de la sécheresse.

Par ailleurs, le président du CESE, Ahmed Réda Chami, a plus récemment mis en lumière l’entrée du Maroc dans une période de stress hydrique structurel, exacerbée par une tendance à la sécheresse prolongée et une diminution attendue des précipitations. S’appuyant sur une étude publiée dans « Nature », il a noté que le Maroc est l’un des cinq pays mondiaux anticipés pour subir une forte réduction des précipitations dans les cinquante prochaines années.

Face à cette réalité alarmante, Chami a appelé à une prise de conscience nationale sur la rareté croissante de l’eau et à la nécessité de modifier les habitudes de consommation de cette ressource essentielle. Il a également évoqué les efforts continus du Maroc en matière de politique des barrages, initiée par feu SM le Roi Hassan II, et d’autres stratégies telles que le dessalement de l’eau de mer, pour atténuer cette crise.

Par ailleurs, Chami a abordé la question de la moralisation de la vie publique au Maroc, soulignant l’importance de l’application rigoureuse de la loi et de l’introduction de nouvelles réglementations pour combattre l’enrichissement illicite et promouvoir la transparence et la responsabilité.

Impulsion royale

Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc s’est lancé dans la réalisation de projets ambitieux pour adresser ces défis. L’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et le développement de projets de dessalement d’eau de mer sont parmi les initiatives majeures. Par exemple, la région de Rabat-Salé-Kénitra est devenue pionnière dans l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation, tandis que des accords avec l’Office Chérifien des Phosphates ont été signés pour augmenter l’approvisionnement en eau dessalée pour Safi et El Jadida.

La sécheresse récurrente, exacerbée par cinq années de précipitations faibles, a mené à une situation où les barrages du pays ont vu leur capacité de remplissage drastiquement réduite. Nizar Baraka, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, a décrit la situation comme « très grave », avec des indicateurs montrant une autre année de sécheresse prévue. La réduction des apports en eau dans les barrages, couplée à une augmentation de la température annuelle moyenne, qui favorise l’évaporation, place le Maroc dans une position critique nécessitant des actions immédiates pour la gestion de l’eau.

Parmi les mesures urgentes proposées, l’amélioration de l’offre en eau par la désalinisation de l’eau de mer et le traitement des eaux usées sont prioritaires. La gestion de la demande en eau implique également une réduction de la consommation d’eau pour l’irrigation, l’arrosage, et l’usage domestique quotidien, en promouvant des cultures adaptées au climat et en sensibilisant à une consommation d’eau responsable.

Le gouvernement envisage une stratégie de solidarité hydrique, incluant des projets d’autoroutes de l’eau pour interconnecter les bassins et fournir de l’eau potable aux régions non côtières à partir des zones de dessalement. Cette stratégie ambitionne d’atteindre 1,4 milliards de m³ d’eau dessalée d’ici 2030, représentant 50% de l’eau potable consommée, principalement dans les régions côtières où réside 70% de la population.

Mesures prises dans les villes marocaines

Notons que plusieurs villes marocaines ont pris des mesures pour faire face à la pénurie d’eau, suivant les directives de SM le Roi Mohammed VI. Ces mesures visent à rationaliser la consommation d’eau en réponse à une sécheresse prolongée qui a affecté les ressources en eau, notamment dans la région de Casablanca-Settat. Le Wali de ladite région, Mohammed Mhidiya, a annoncé une série d’actions pour économiser l’eau, notamment l’interdiction de laver les rues, des restrictions sur l’utilisation de l’eau potable pour le lavage des véhicules, et des limitations sur les activités des hammams et des stations de lavage les trois premiers jours de la semaine.

D’autres mesures comprennent l’interdiction de planter du gazon vert, de remplir les piscines plus d’une fois par an sans système de recyclage de l’eau, et l’interdiction d’arroser les espaces verts et les terrains de sport avec de l’eau potable ou de puits. Le Wali a également souligné l’importance de lutter contre l’extraction illégale d’eau et a appelé à des campagnes de sensibilisation pour économiser l’eau. Il a insisté sur la nécessité d’accélérer les programmes et investissements pour rénover le réseau d’eau potable et réduire le gaspillage, engageant divers responsables locaux à surveiller la consommation d’eau et à mettre en œuvre des mesures pour en rationaliser l’usage.

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