samedi 27 juillet 2024

Comment la sécheresse impact-t-elle le secteur agricole?

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L’année 2023 a été une période de crise sans précédent pour le Maroc, marquée par une sécheresse persistante et des défis multiples dans le secteur agricole. Cette situation difficile s’accompagne d’une hausse des prix des produits agricoles, des baisses dans les superficies ensemencées, des pertes notables dans diverses filières agricoles et une pression financière sur les agriculteurs. Les détails

Dans une déclaration à SNRTnews, le président de la Confédération Marocaine de l’Agriculture et du Développement Rural (COMADER), Rachid Benali a expliqué que le Maroc a traversé une année 2023 très difficile, la quatrième année consécutive de sécheresse.

« Nous avons fait face à une accumulation de problèmes, notamment le manque d’eau, l’appauvrissement des agriculteurs et éleveurs ayant perdu une partie de leur cheptel, et l’incapacité d’acheter des aliments composés, entre autres« , a-t-il déclaré. L’impact de la sécheresse en 2023 a été particulièrement dévastateur pour l’ensemble des professions, touchant non seulement l’agriculture en général, mais également les céréales, l’élevage, le maraîchage et la plupart des secteurs.

Contrairement aux sécheresses des années 80 et 90, M. Benali affirme que le Royaume aujourd’hui est confronté à une conjonction de problèmes, allant des défis post-Covid à la sécheresse et au manque d’eau, jusqu’aux conséquences du changement climatique avec des variations de température extrêmes, marquant ainsi une première dans l’histoire du Maroc. Cette baisse concerne aussi bien les eaux souterraines que les eaux de surface.

Quant aux chiffres et aux pertes, le président de la COMADER indique qu’en comparaison avec une année normale, la baisse est catastrophique. Cette année est véritablement une catastrophe, avec environ 2 millions d’hectares semés dans des conditions extrêmement difficiles. « La superficie ensemencée est passée de 3,6 millions d’hectares lors de la pire année précédente à seulement 2 millions cette année, exacerbant ainsi les conditions déjà très difficiles.« 

Pour la filière oléicole, M. Benali souligne qu’elle a atteint une certaine stabilité par rapport à l’année précédente, mais la baisse persiste, dépassant toujours les 50% par rapport à une année normale. En ce qui concerne le maraîchage, il a affirmé qu’il s’en sort relativement bien, même si la quantité produite est préservée, le coût a considérablement augmenté. Quant à la betterave et l’ensemble de la production sucrière, le président de la confédération a confirmé une diminution, estimée à moins de 50%. Ajoutant que dans le domaine des oléagineux, la production est pratiquement inexistante, avec très peu de récolte. De plus, l’arboriculture maintient une certaine stabilité, mais les agrumes connaissent une nette diminution. Ainsi, tous les produits sont impacté par cette situation.

En ce qui concerne le cheptel, Rachid Benali a indiqué que le secteur a subi des dommages pendant la période post-Covid, rendant la reprise difficile, et la situation s’est aggravée. Soulignant que la diminution du cheptel a également eu des répercussions sur la production laitière et de viande.

Cependant, la viande blanche parvient à s’en sortir quelque peu face à l’impact de la sécheresse, malgré le coût élevé des aliments composés qui font ainsi augmenter les prix de volaille. La viande rouge et le lait connaissent une baisse importante, tandis que les œufs maintiennent une stabilité relative.

En ce qui concerne les prix des produits, une prévisible hausse des prix de la tomate a été observée de décembre au début janvier, avec une tendance à la baisse actuelle. Les conséquences de la sécheresse et de la chaleur intense en août ont affecté la production de la Tomate de décembre, en plus du virus qui a aggravé la situation, entraînant une baisse de production de 20 à 30%. Pour la pomme de terre, la production est satisfaisante, mais l’influence des intermédiaires peut occasionnellement faire grimper les prix.

Rachid Benali affirme que l’année en cours s’annonce difficile, car malgré les subventions gouvernementales pour les semences de pommes de terre et d’oignons, les augmentations de prix de ces semences absorbent entièrement les subventions, représentant une hausse de plus de 30 à 40% par rapport à l’année précédente. En ce qui concerne le blé, les subventions le maintiennent stable pour l’instant, bien que les importations massives posent un défi considérable aux autorités publiques.

Pour faire face à de telles augmentations, M. Benali recommande d’ouvrir le marché et détourner les circuits classiques en période de pics difficiles. « Un exemple concret est la disparité entre les prix en rayon (9, 10, voire 11 dirhams) et ceux au niveau de l’agriculteur (2,40 à 2,50 dirhams) pour la pomme de terre« , soulignant le frein que représentent les intermédiaires sur les prix.

« Bien que ces intermédiaires soient souvent considérés comme un mal nécessaire en raison des défis de financement rencontrés par les agriculteurs, ils posent un sérieux problème, agissant comme des obstacles entre le consommateur et le producteur« , a-t-il conclut. Le déficit financier dans le secteur agricole devient ainsi préoccupant, laissant les agriculteurs vulnérables à l’influence de ces intermédiaires et spéculateurs.

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