samedi 18 mai 2024

2023, l’année des délestages électriques récurrents en Afrique du Sud

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Depuis le début de l’année 2023, la crise de l’électricité en Afrique du Sud a atteint des niveaux jamais connus auparavant, portant un coup fatal à l’économie et suscitant l’indignation des entreprises et des ménages.

Les coupures de courant, appelées «loadshedding», ont atteint jusqu’à 12 heures par jours, imposées par la compagnie d’électricité publique «Eskom» pour éviter l’effondrement du réseau électrique national.

Selon la compagnie en détresse, les pannes récurrentes combinées avec le programme de maintenance planifiée de ses centrales à charbon vieillissantes ont fait perdre au réseau national près de 23.000 MW sur une capacité de production totale estimée à 40.000 MW.

Cette situation a eu un impact désastreux sur l’activité économique. Les petites et moyennes entreprises (PME) sud-africaines croulent sous la pression des coupures de courant, entraînant des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, des retards de production et des coûts liés à la mise en place de générateurs pour pallier la pénurie de l’électricité.

D’un point de vue macroéconomique, la Banque centrale sud-africaine (SARB) estime que cette situation devrait réduire cette année la croissance économique de deux points de pourcentage.

« La croissance a été estimée à environ 0,7% l’année dernière et, étant donné que les délestages sont pires en 2023, la croissance potentielle est prévue à 0,0% », a mis en garde l’institution financière.

La sonnette d’alarme a été tirée également par le ministre des Finances, Kgosientsho Ramokgopa, en soulignant que la crise de l’électricité coûte à l’économie plus de 50 millions de dollars par jour (1 milliard de rands).

De plus, les experts n’excluent pas la possibilité d’un effondrement total du réseau électrique national. Selon Hartmut Winkle, analyste énergétique et physicien à l’Université de Johannesburg, il y a de fortes chances que cela arrive, car «une seule panne peut déclencher des pannes en cascade sur toute la ligne».

Face à cette redoutable éventualité et dans l’espoir de restaurer la confiance des opérateurs économiques, le gouvernement tente toujours de remettre Eskom sur les rails, notamment en déclarant l’état de catastrophe nationale et en créant un nouveau ministère dédié au portefeuille de l’Électricité.

Toutefois, ces mesures n’ont pas été accueillies avec beaucoup d’optimisme. Les partis de l’opposition ainsi que de nombreux analystes ont exprimé leur méfiance vis-à-vis de ce qui constitue, pour eux, des vœux pieux face à une réalité têtue qui dure depuis plus d’une décennie.

Dans ce sillage, l’Agence internationale de notation Fitch Raitings n’a pas exclu des retards d’exécution des réformes au sein d’Eskom eu égard aux «antécédents généralement médiocres en matière d’exécution des plans et les problèmes de gouvernance de la compagnie d’électricité ».

En somme, la crise énergétique qui affecte l’Afrique du Sud est une conséquence directe de la corruption et de la mauvaise gestion de la compagnie publique qui dure depuis plusieurs années.

Alors que le problème semble être là pour rester, les Sud-africains doivent chercher des solutions alternatives pour répondre à leurs besoins en électricité et éviter de passer une autre année dans l’obscurité.

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