samedi 27 juillet 2024

Les résultats de la première chasse aux civilisations extra-terrestres dans d’autres galaxies révélés

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Le programme Seti, lancé il y a presque 60 ans dans le but de détecter des émissions radio extra-terrestres, et même d’y répondre par ce moyen, a le vent en poupe depuis une décennie. Il peut se lancer dans des projets de plus en plus ambitieux, et le dernier en date est la recherche de ces civilisations dans 97 galaxies proches de la Voie lactée.

Il y a un peu moins de 10 ans, le milliardaire d’origine russe Yuri Milner réunissait autour de lui, à la Royal Society Science Academy de Londres, les regrettés Stephen Hawking et Franck Drake, l’un des plus importants pionniers du programme Seti. Ann Druyan, la veuve de Carl Sagan qui a été avec lui à l’origine de la série Cosmos (avec la merveilleuse musique de Vangelis) et du Golden Record emporté par les sondes Voyager, était également présente et ce n’est guère étonnant.

Yuri Milner avait annoncé en leur compagnie le lancement du projet Breakthrough Initiative, c’est-à-dire qu’il allait financer les recherches du programme Seti sur 10 ans à hauteur de 100 millions de dollars (environ 92 millions d’euros), soit trois fois plus que ce qu’avait déjà fait Paul Allen, le cofondateur de Microsoft avec Bill Gates. Une initiative qui a reçu le soutien de plusieurs scientifiques de renom dans une lettre ouverte (notamment Kip Thorne et les prix Nobel Steven Weinberg et James Watson).

Le projet se déclinait en deux parties. La première et la plus importante – le Breakthrough Listen – était destinée à tenter de détecter des émissions de civilisations E.T. dans le domaine radio, mais aussi sous forme d’impulsions laser. La seconde – le Breakthrough Message – lançait une compétition dotée d’un prix d’un million de dollars. Ouverte à tous, il s’agissait de proposer un message à destination d’une des éventuelles civilisations E.T. que le projet pourrait révéler. Elle s’inscrit donc dans la droite ligne du Golden Record mais aussi du fameux message d’Arecibo, concocté et envoyé par Franck Drake et Carl Sagan à l’aide du grand radiotélescope d’Arecibo le 16 novembre 1974.

     Des télécommunications intergalactiques grâce à l’énergie de sphères de   Dyson ?

Le projet Breakthrough Listen a bien sûr fait parler de lui depuis, et au début de l’année 2023 il a été question dans son cadre de la détection de huit signaux radio peut-être en provenance d’E.T. et  débusqués par une IA utilisant le deep learning.

Aujourd’hui, un communiqué de l’université d’Oxford, qui est devenue le siège international du projet Breakthrough Listen, fait état d’une publication dans Astronomical Journal, dont une version existe en accès libre sur arXiv, qui expose des résultats d’une équipe d’astronomes menée par Carmen Choza, chercheuse junior au Breakthrough Listen. Ces résultats ont été obtenus en utilisant le radiotélescope Robert C Byrd Green Bank (GBT) en Virginie-Occidentale, aux États-Unis.

Avec son antenne parabolique de 100 mètres de diamètre et les récepteurs des signaux radio qui l’équipent, le GBT peut analyser des milliards de canaux de fréquence où pourraient se trouver des technosignatures de civilisations E.T. avancées. Jusqu’à présent, ce sont surtout des cibles dans la Voie lactée que l’on a écoutées dans ce but. Mais les exobiologistes se sont montrés plus ambitieux en étendant maintenant leurs recherches à 97 galaxies proches de la Voie lactée.

De prime abord, l’entreprise semble absurde. En effet, notre Voie lactée ne fait qu’environ 100 000 années-lumière de diamètre. Les signaux radio, que l’on pourrait généralement s’attendre à détecter facilement en provenance d’une civilisation E.T. dans notre Galaxie, ne le seraient pas à des distances qui dépassent le million d’années-lumière. Le communiqué de l’université d’Oxford explique d’ailleurs qu’il faudrait que les E.T. en question, cherchant à se signaler à leurs cousins dans la Voie lactée, émettent des signaux radio 1010 fois plus puissants, soit 10 milliards de fois plus lumineux.

En fait, ce serait possible pour des civilisations transitant sur la fameuse échelle de Nikolaï Kardashev entre des civilisations de type I, qui utilisent toute l’énergie solaire disponible sur une planète, et des civilisations de type II, qui utilisent toute l’énergie solaire de leur étoile hôte avec les fameuses sphères de Dyson.

Comme le GBT permet d’observer des milliards d’étoiles en une seule observation, on peut penser qu’un large échantillonnage de galaxies, pas trop éloignées tout de même, pourrait nous révéler l’existence de ces civilisations même si elles étaient plutôt rares dans une galaxie, étant entendu de plus qu’une civilisation au moins de type I est probablement déjà durable sur des millions et même des milliards d’années. En particulier si comme il est probable, elle est devenue une civilisation de super IA consciente.

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