lundi 20 mai 2024

Mali: la mission de l’ONU Minusma clôt officiellement 10 ans de présence

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La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a officiellement clos lundi dix ans de déploiement dans ce pays en proie au jihadisme et à une crise profonde après avoir été poussée vers la sortie par la junte au pouvoir. 

La Minusma a descendu le drapeau des Nations unies sur son quartier général proche de l’aéroport de la capitale Bamako, a dit à l’AFP sa porte-parole Fatoumata Kaba. Des correspondants de l’AFP ont pu assister au début d’une cérémonie en cours lundi matin, qui marque symboliquement la fin de la mission même si certains de ses éléments sont encore sur place, selon la porte-parole.

La fermeture met fin à un engagement commencé en 2013 face à la propagation de violences qui menaçaient la stabilité d’un État pauvre et fragile. Elles ont depuis gagné le centre du pays et les voisins sahéliens du Burkina Faso et du Niger, faisant des milliers de morts civils et combattants et déplaçant des millions de personnes.

Avec plus de 180 membres tués dans des actes hostiles essentiellement perpétrés par les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, la Minusma est la mission de paix de l’ONU la plus durement touchée ces dernières années. Ses effectifs ont tourné autour des 15 000 soldats et policiers venus d’une multitude de pays.

Malgré les pertes humaines et un engagement financier considérable, la Minusma a fait l’objet de vives critiques d’une partie des Maliens, qui dénonçaient son incapacité à juguler la crise.

La Minusma s’est vu chroniquement reprocher son impuissance face aux agissements jihadistes par une partie de l’opinion et ses dirigeants. Sa présence était devenue quasiment intenable, mais aussi indésirable pour les militaires qui se sont portés par la force à la tête du pays en 2020. Le Burkina Faso et le Niger ont vu à leur tour l’avènement de régimes militaires ces dernières années.

«Liquidation» à venir

Les relations entre la Minusma et la junte n’ont cessé de se dégrader sous la junte. L’ONU dénonçait ouvertement les interdictions de vols et autres obstructions mises par les autorités à l’accomplissement de la mission. Les autorités s’insurgeaient contre les immixtions, selon elles, de la Minusma dans la défense des droits humains, qui faisait pourtant partie de son mandat.

Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a fini par demander en juin le départ «sans délai» de la Minusma devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Il a proclamé «l’échec» de la mission et affirmé qu’elle n’était pas la solution mais faisait «partie du problème».

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