La décision récente du Ministère public suisse de transmettre le dossier d’accusation du général à la retraite Khaled Nezzar au tribunal pénal fédéral, pour y être jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a déclenché une réaction inattendue de la part de l’Algérie. Cette dernière a menacé de rompre ses relations diplomatiques avec la Suisse, suscitant un débat sur l’ironie de la situation.
Le gouvernement algérien a réagi fermement à la décision suisse en publiant un communiqué par le biais de son ministère des Affaires étrangères. Dans ce communiqué, l’Algérie a accusé la Suisse de s’ingérer dans ses affaires souveraines et d’avoir une lecture révisionniste de l’histoire. Elle a également affirmé que la justice suisse offrait une tribune aux terroristes et à leurs alliés pour discréditer la lutte antiterroriste menée par l’Algérie.
Khaled Nezzar est accusé d’être l’un des principaux responsables du déclenchement de la guerre civile en Algérie, une période sombre marquée par plus de 200 000 morts et des milliers de disparus. La Suisse tente maintenant de le juger pour ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité, une démarche qui constitue un nouveau coup dur pour l’Algérie, déjà fragilisée par le rejet de sa candidature à rejoindre le groupe des BRICS.
La santé de Khaled Nezzar est précaire, ce qui ajoute une urgence au procès. Les victimes de la décennie noire attendent depuis longtemps que justice soit rendue. Les témoignages accablants contre Nezzar et d’autres hauts responsables militaires ont mis en lumière leur implication présumée dans des crimes de guerre et des actes de torture.
Si Khaled Nezzar était jugé et reconnu coupable, cela pourrait avoir des répercussions sur d’autres membres de l’establishment militaire en Algérie, dont certains sont accusés d’actes similaires. Le gouvernement algérien semble tenter de protéger son ancien général en menaçant la Suisse, mais cela pourrait se retourner contre lui sur la scène internationale.
L’Algérie se retrouve dans une situation délicate alors qu’elle tente de protéger un ancien responsable militaire accusé de crimes de guerre. La menace de rompre les relations diplomatiques avec la Suisse envoie un message fort, mais cela soulève également des questions sur la responsabilité et la justice pour les victimes de la décennie noire en Algérie. La décision suisse de poursuivre Khaled Nezzar ouvre la voie à un procès historique qui pourrait avoir des implications importantes pour l’avenir de l’Algérie.
Nezzar avait déjà été interpellé à Genève en octobre 2011, alors qu’il résidait en Suisse, à la suite d’une plainte déposée par une ONG suisse, avant d’être relâché. Il avait ensuite quitté la Confédération.
En 2017, le procureur général avait classé la procédure au motif que la Suisse n’était pas compétente pour le juger, avant que la justice ne l’oblige, en 2018, à reprendre la procédure à la suite de la déposition d’un recours.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a transmis lundi 28 août au Tribunal pénal fédéral (TPF) l’acte d’accusation visant le général à la retraite. Le TPF devra prendre connaissance de cet acte d’accusation visant l’ancien homme fort du régime algérien avant de fixer une date pour le procès.
Selon la législation suisse, la transmission de ce document au TPF est l’avant-dernière étape avant la tenue d’un procès, l’acte d’accusation n’étant pas soumis à un recours devant une quelconque juridiction.