samedi 30 septembre 2023

Iran : libération de la journaliste qui avait interviewé le père de Mahsa Amini

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Une journaliste iranienne, condamnée à deux ans de prison après avoir fait une entrevue avec le père de Mahsa Amini (dont la mort en garde à vue avait déclenché un mouvement de contestation en Iran), a déclaré dimanche avoir été libérée de prison.

Après sa libération de la prison d’Evine, à Téhéran, Nazila Maroufian a publié une photo d’elle sans foulard sur les réseaux sociaux, comme en signe de défi aux autorités de la République islamique, où le port du voile est obligatoire pour les femmes.

N’acceptez pas l’esclavage, a-t-elle déclaré sur X (ex-Twitter) et Instagram, avec une photo d’elle faisant le signe de la victoire.

Âgée de 23 ans selon des médias persans hors d’Iran, elle avait publié en octobre une entrevue sur le site d’information Mostaghel Online avec Amjad Amini, le père de Mahsa Amini.

La mort en détention le mois précédent de cette jeune femme kurde, emprisonnée pour avoir prétendument violé les règles vestimentaires imposées aux femmes, avait déclenché des semaines de manifestations.

Dans l’entrevue, Amjad Amini accusait les autorités d’avoir menti sur les circonstances de la mort de sa fille, en prétendant qu’elle était décédée des suites d’un problème de santé. La famille et des militants ont déclaré pour leur part qu’elle avait reçu un coup à la tête pendant sa garde à vue.

Plus qu’une seule arrestation

Basée à Téhéran, mais originaire de Saqez, la ville natale d’Amini dans la province du Kurdistan, Nazila Maroufian avait été arrêtée une première fois en novembre.

Elle avait ensuite été libérée, mais avait déclaré en janvier qu’elle avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis pendant cinq ans pour propagande contre le système et diffusion de fausses nouvelles.

Selon des groupes de défense des droits humains, Nazila Maroufian avait été de nouveau incarcérée début juillet à la prison d’Evine. Des proches avaient récemment indiqué qu’elle avait été conduite à l’hôpital et s’inquiétaient pour sa santé.

Sur les réseaux sociaux, la journaliste a déclaré qu’elle avait notamment souffert de palpitations cardiaques, mais qu’elle allait bien désormais.

Les deux journalistes qui ont contribué à rendre publique l’affaire Amini sont emprisonnées depuis près d’un an à Evine après avoir été arrêtées en septembre. Elles sont actuellement jugées pour atteinte à la sécurité nationale, des accusations qu’elles nient.

Selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York, 95 journalistes ont été arrêtés lors de la répression des manifestations, la plupart ayant été libérés sous caution.

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