mercredi 27 septembre 2023

«Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu»

-

Au moins 80 personnes sont mortes dans les incendies qui ont ravagé l’île de Maui, à Hawaï, un lourd bilan qui vaut aux autorités une pluie de critiques samedi sur leur gestion de l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire récente de l’archipel américain.

Les habitants, encore sous le choc, commencent tout juste à constater l’étendue des dégâts à Lahaina, quasiment réduite à néant par la force du brasier.

«Ça a tout pris, tout! Ça me brise le cœur», se désole Anthony Garcia, 80 ans, qui avait élu domicile dans la ville il y a une trentaine d’années. Autour, les survivants remuent les cendres dans l’espoir de retrouver photos ou objets.

Des commerces, hôtels, immeubles et restaurants qui faisaient le charme de cette ville balnéaire de 13 000 habitants, il ne reste presque rien.

Un majestueux figuier des banians, attraction touristique, a été léché par les flammes, mais semble avoir survécu. Il se dresse, désormais solitaire au milieu des ruines.

Durant ce cauchemar, les locaux n’ont pu compter que sur le «réseau noix de coco» – le bouche-à-oreille -, dénonce auprès de l’AFP un habitant, William Harry.

Dans ce paysage de désolation, les résidents cherchent à comprendre comment le drame a pu prendre de telles proportions. La justice aussi: une enquête a été ouverte sur la gestion de la crise par les autorités.

Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d’urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l’île, tandis que les sirènes d’alerte aux incendies n’ont pas été actionnées.

Les alertes, habituellement transmises par téléphone, n’ont pas pu être reçues, car «il n’y avait pas de réseau» et «clairement, nous n’avons pas prévu de solutions de secours pour assurer la sécurité des habitants», a admis samedi Jill Tokuda, élue démocrate d’Hawaï, sur la chaîne CNN.

«Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu», a-t-elle regretté. «Nous devons nous améliorer.»

Avec 80 décès, le bilan de ces incendies, déclenchés en début de semaine, dépasse celui du tsunami de 1960, qui avait fait 61 morts sur l’île d’Hawaï.

Et l’archipel n’a sans doute pas fini de compter ses morts. Des équipes de recherche et de sauvetage, accompagnées de chiens, sont arrivées à Maui pour rechercher d’éventuels corps, selon le comté.

Quelque 2207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).

Rien que pour l’incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.

Le feu a été «incroyablement dévastateur», selon Jeremy Greenberg, un responsable de la Fema interviewé sur MSNBC. «Ces types d’incendies peuvent se propager sur une distance équivalente à un terrain de football américain en 20 secondes ou moins.»

Les pompiers ont dû lutter contre de multiples brasiers simultanés et alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l’ouragan Dora.

Ce désastre intervient au milieu d’un été marqué par une série d’événements météorologiques extrêmes partout sur la planète, dont une vague de chaleur intense dans le sud des États-Unis, des phénomènes liés au réchauffement climatique selon les experts.

Ils se sont propagés d’autant plus facilement que Maui a enregistré cette année moins de pluies que d’habitude. La partie ouest de l’île, où se trouve Lahaina, subit actuellement une sécheresse «sévère» à «modérée», selon le US Drought Monitor.

- Advertisment -