Les tractations politiques ont débuté, lundi, pour le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, au lendemain de législatives qui le placent dans une meilleure position que son rival conservateur Alberto Nunez Feijoo. Il peut espérer se maintenir au pouvoir, si il obtient le soutien des partis basque et catalan.
Des tractations pour tenter d’éviter de nouvelles élections en Espagne. Au lendemain d’un vote qui n’a pas permis de dégager une majorité, le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, et son rival conservateur Alberto Nunez Feijoo, dont le parti a remporté le plus grand nombre de députés, vont entamer dès lundi 24 juillet des pourparlers.
Déjouant tous les sondages, qui le donnaient largement battu depuis des mois, Pedro Sanchez est parvenu à limiter les gains de l’opposition de droite.
Le Parti populaire (PP) d’Alberto Nunez Feijoo a finalement remporté 136 sièges sur un total de 350 au congrès des députés, alors que le parti d’extrême droite Vox, son seul allié potentiel, en gagnait 33. Ils ne totalisent donc à eux deux que 169 sièges, loin de la majorité absolue, qui est de 176.
En face, le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez dispose, lui, de 122 députés et Sumar, son allié de gauche radicale, de 31.
« No pasaran »
Devant des militants euphoriques – criant « No pasaran » (« Ils ne passeront pas ! »), fameux slogan antifasciste de la Guerre civile (1936-1939) -, le Premier ministre a revendiqué sa capacité à continuer à diriger l’Espagne.
« Le bloc rétrograde du Parti populaire et de Vox a été battu. Nous sommes beaucoup plus nombreux à vouloir que l’Espagne continue à avancer et il en sera ainsi », a-t-il lancé.
Avec ses 153 députés, l’alliance PSOE/Sumar aura donc besoin du soutien de plusieurs formations régionalistes comme les catalans d’ERC ou les basques de Bildu, formation considérée comme l’héritière de la vitrine politique de l’ETA.
Mais ils devront aussi s’assurer de l’abstention du parti de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (JxCat), dont les dirigeants ont déjà prévenu qu’ils n’aideraient pas Pedro Sanchez à rester au pouvoir sans contrepartie.
Si toutes ces conditions sont réunies, Pedro Sanchez pourrait alors rassembler sur son nom 172 députés, soit plus que le chef du PP, ce qui lui suffirait lors d’un deuxième vote d’investiture par le Parlement, où seule une majorité simple est requise.
Dans le cas contraire, l’Espagne, qui a déjà connu quatre élections générales entre 2015 et 2019, se retrouverait dans une situation de blocage politique et serait condamnée à un nouveau scrutin.
Le conservateur Feijoo revendique la victoire
Vainqueur de justesse sur le papier, Alberto Nunez Feijoo a, lui, revendiqué le droit de former un gouvernement.
Le PP a « gagné les élections » et « notre obligation maintenant est d’éviter que ne s’ouvre une période d’incertitude en Espagne », a-t-il lancé depuis le balcon du siège du parti. « Je vais me charger d’entamer un dialogue » avec les forces représentées au Parlement « pour former un gouvernement », a-t-il ajouté, en demandant aux socialistes de ne pas le « bloquer ». « Nous allons beaucoup parler ces prochains jours et ces prochaines semaines » et « cela ne sera pas facile », a-t-il reconnu.
Sans majorité absolue avec Vox, Alberto Nunez Feijoo veut gouverner en minorité, mais il aurait besoin pour cela de l’abstention des socialistes lors d’un vote d’investiture au Parlement. Or, les socialistes ont déjà fait savoir qu’ils n’en ont pas l’intention.
Voulant reprendre l’initiative après la déroute de la gauche aux élections locales du 28 mai, Pedro Sanchez avait convoqué ce scrutin anticipé et fait campagne sur la peur d’une entrée de l’extrême droite au gouvernement en cas de victoire du PP.
Une stratégie qui semble avoir payé, la participation ayant atteint près de 70 %, soit 3,5 points de plus que lors du dernier scrutin, en novembre 2019.