mercredi 27 septembre 2023

Plus de 45 °C à l’ombre : des villes innovent pour battre la chaleur extrême

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Face aux canicules de plus en plus intenses et de plus en plus fréquentes, certains pays se tournent vers les technologies à la recherche de solutions, tandis que d’autres s’inspirent de techniques ancestrales.

Alors que des températures records sont ressenties de part et d’autre sur la planète, avec un mercure frôlant les 50 degrés Celsius dans certaines régions, plusieurs pays s’activent pour mettre en place des mesures visant à alléger le poids de la chaleur sur leurs citoyens. Voici un tour d’horizon des initiatives les plus innovantes.

Les vagues de chaleur extrême ne datent pas d’hier, mais ce phénomène risque de s’amplifier sous l’effet des changements climatiques, surtout dans les zones densément peuplées comme les villes, selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), référence mondiale en science climatique.

C’est déjà le cas dans l’est de la Méditerranée, par exemple, où l’intensité, la durée et le nombre des canicules ont été multipliés par six à sept depuis les années 1960.

Et contrairement aux pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis, qui subissent régulièrement des vagues de chaleur étouffantes, avec des températures supérieures à 40 °C, plusieurs capitales européennes ne sont pas adaptées pour affronter les canicules de demain, selon une étude de l’Université d’Oxford publiée le 13 juillet dans la revue Nature.

Pourtant, des solutions vieilles de plus de 1000 ans existent et certaines villes s’en inspirent pour battre la chaleur.

C’est le cas d’Athènes, où le site archéologique de l’Acropole a été fermé en raison de la température qui devait atteindre les 45 °C. La capitale grecque, l’une des plus peuplées d’Europe, craint particulièrement d’être aux prises avec une pénurie d’eau si les saisons de sécheresse s’éternisent encore plus longtemps. Pour cela, les autorités ressuscitent un ancien aqueduc datant de l’Empire romain à Chalandri, dans la banlieue nord d’Athènes.

Selon le site de cette initiative, appuyée par l’Union européenne, cet aqueduc pourrait transporter près de 50 000 mètres cubes d’eau souterraine par an vers la capitale et ses environs. Cette eau, recueillie de l’aquifère, mais aussi des ruisseaux et des pluies, n’est pas exploitée actuellement et nécessite d’être purifiée pour devenir potable.

Ailleurs en Europe, d’autres techniques anciennes sont utilisées pour déjouer la chaleur, comme l’installation d’ombrières au-dessus des rues piétonnes ou des places publiques en Espagne et en France. Ces dispositifs procurent de l’ombre au sol et font chuter le thermomètre jusqu’à 10 °C.

En Allemagne, le gouvernement examine sérieusement un rituel bien connu des pays méditerranéens : la sieste. Le pays, en proie à des pics de chaleur depuis plusieurs jours avec des températures atteignant les 38 °C en Bavière, pourrait inciter les entreprises à instaurer un temps de repos à midi, à la manière de la siesta espagnole.

Si la création d’espaces verts s’est avérée efficace pour lutter contre les îlots de chaleur dans plusieurs villes, cette option demeure quasi impossible dans les pays au climat désertique et aride, comme le Qatar, par exemple.

Ce richissime émirat gazier du Golfe, qui a accueilli la Coupe du monde de football en novembre dernier, a dû innover pour garder au frais ses millions de visiteurs. Parmi les mesures mises en place : une route bleue.

À Doha, la capitale, une route a été peinte en bleu vif pour tenter de refroidir la surface de l’asphalte et de réduire la température environnante, qui flirte avec les 50 °C. Selon les autorités, la peinture permet de réduire la température du sol de 15 à 20  °C en absorbant moins le rayonnement solaire et en réfléchissant les ultraviolets.

Des systèmes similaires ont été testés ailleurs, notamment à Los Angeles, aux États-Unis.

La ville américaine de Phoenix, qui suffoque depuis 20 jours consécutifs avec des températures dépassant parfois les 43 °C, a elle aussi implanté cette mesure fin 2021.

La technologie, une alliée contre la chaleur

En Europe, de nombreuses villes s’en remettent aux applications mobiles pour aider les piétons à mieux planifier leurs déplacements lors des chaleurs extrêmes. En Espagne et en Grèce, par exemple, une application permet aux résidents et aux touristes de trouver l’itinéraire le plus ombragé entre deux destinations.

Barcelone et Madrid ont également lancé une application permettant de trouver les emplacements des milliers de fontaines d’eau potable dans les deux villes. Les investissements dans les services et infrastructures d’approvisionnement en eau peuvent aider les villes dans leurs efforts à devenir plus résilientes aux effets négatifs du réchauffement climatique et des vagues de chaleur en particulier, notait un rapport de l’Union européenne en 2016. On y souligne les effets sociaux positifs des fontaines qui permettent aux enfants de jouer et servent de lieux de rencontre. Seul hic : elles ne peuvent être mises en place dans un contexte de pénurie d’eau.

En Arabie saoudite, l’une des régions les plus chaudes au monde, où l’or bleu se fait très rare, 27 stations de dessalement fournissent plus de 70 % de l’eau utilisée dans les villes.

Dans la ville sainte de La Mecque, où des millions de musulmans se rendent chaque année pour effectuer le pèlerinage annuel sous un soleil de plomb, les autorités utilisent l’eau de ces stations de dessalement pour alimenter un système de climatisation couvrant une superficie de 70 000 mètres carrés. Le refroidissement par eau atteint des températures aussi basses que 5 °C. Par ailleurs, plus de 700 ventilateurs brumisateurs automatiques ont été installés dans la cour de la Grande Mosquée et ailleurs dans la ville sainte pour rafraîchir les pèlerins.

La Chine, qui a enregistré un nouveau record de chaleur dans la région du Xinjiang, dans l’ouest du pays, avec 52,2 °C mesurés dimanche dernier, se tourne elle aussi vers la technologie pour prédire les phénomènes météorologiques extrêmes. Le géant des télécommunications chinois Huawei a mis au point un algorithme météorologique basé sur l’intelligence artificielle et capable de fournir des prédictions en quelques secondes.

L’un des phénomènes météorologiques les plus difficiles à prédire est le typhon. Les autorités chinoises affirment que l’outil de Huawei, baptisé Pangu-Weather, a pu tracer avec précision la trajectoire du puissant typhon Mawar cinq jours avant son apparition au large de l’est de Taïwan en mai dernier.

 
 
 
 
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