Milan Kundera, le monstre sacré de la littérature s’est éteint, ce mercredi 12 juillet, à l’âge de 94 ans. L’auteur franco-tchèque qui avait obtenu le grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 2001 a marqué la littérature mondiale par des best-sellers comme « L’Insoutenable Légèreté de l’être ».
Voici les 5 livres les plus lus de Milan Kundera:
« L’insoutenable légèreté de l’être », une réflexion sur la mort
Ce livre est sans aucun doute l’un des meilleurs romans de Milan Kundera. Ecrit en 1982 et publié deux ans après, l’ouvrage, de 476 pages, a été traduit en plusieurs langues et adapté au cinéma en 1988.
Ce roman éponyme aborde à travers ses personnages des thèmes intrigants comme la gravité, la légèreté, l’amour et la mort. C’est d’ailleurs une méditation sur la mort avec son double visage: la cruelle face noire et la douce fin.
A travers l’histoire de Tereza, Tristan, Thomas et Sabina, Kundera invite les lecteurs à réfléchir sur des questions existentielles sur la condition humaine, l’être et l’oubli.
La quatrième couverture du chef d’œuvre résume bien le roman. « Qu’est-il resté des agonisants du Cambodge? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu’est-il resté de Tomas? Une inscription: Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu’est-il resté de Beethoven? Un homme morose à l’invraisemblable crinière, qui prononce d’une voix sombre: « Es muss sein! » Qu’est-il resté de Franz? Une inscription: Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d’être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c’est la station de correspondance entre l’être et l’oubli. »
« L’ignorance », une autobiographie?
Un écrivain peut-il mettre une barrière entre sa propre histoire et ses écrits? Peut-il changer son destin en écrivant celui d’autres personnages? C’est le cas de Milan Kundera qui a essayé dans son livre « L’ignorance » d’aborder un sujet qui lui tient à cœur: l’exil.
Déchu de sa nationalité tchèque et forcé de quitter Prague, Kundera, qui s’est réfugié en France en 1975, a écrit en 2000 un des livres les plus mélancoliques et nostalgiques sur l’exil.
À travers l’histoire de Josef et Irena, deux tchèques qui ont immigré en 1968 après l’échec du Printemps de Prague et qui font le choix de revenir dans le pays natale une vingtaine d’années plus tard, Kundera traite des sujets plus que jamais d’actualité: le déracinement, la quête de l’identité et la recherche de soi.
A travers l’histoire de ses personnages, Kundera revient malgré lui sur sa propre expérience de la chute du communisme dans son pays natal et se questionne sur l’ignorance du passé des émigrés et de leur vie antérieure
« La Plaisanterie », le premier roman
« La plaisanterie » est le premier roman de Milan Kundera écrit en 1965 et publié en 1967 peu avant le Printemps de Prague.
Préfacé par Louis Aragon, ce roman raconte l’histoire d’un étudiant qui fait une mauvaise blague à sa compagne qui lui vaut son exclusion et son enrôlement dans un bataillon disciplinaire.
Des années plus tard, il rencontre par hasard la femme de son ami qui a sournoisement organisé sa chute. Pour se venger, il parvient à la séduire. Lorsqu’il lui révèle la vérité, elle tente de se suicider.
Les faits de ce livre qui se passent pendant la dictature communiste des années 50 sont inspirés de l’histoire personnelle de Kundera qui a été renvoyé une première fois du parti communiste en 1950, et a choisi le grotesque, pour démontrer la manière dont l’Histoire broie les destins individuels.
« La Vie est ailleurs », le Prix Médicis
Couronné par le Prix Médicis étranger en 1973, « La vie est ailleurs » consacre Milan Kundera comme un des meilleurs écrivains tchèques de sa génération.
Ce roman d’une férocité burlesque, raconte l’histoire de Jaromil qui a été élevé par une mère très protectrice qui peine à laisser voler son enfant de ses propres ailes. L’enfant qui n’a que très peu connu son père, ne sera jamais vraiment libre et son destin sera conditionné par son rapport aux femmes. Pour se libérer, Jaromil se réfugie dans la révolution communiste et dans la création artistique en devenant un grand poète.
« L’immortalité », le soi et l’image de soi
Les faits de ce livre se déroulent en France et racontent l’histoire de deux sœurs, Laura et Agnès. Après la mort de cette dernière dans un accident de voiture, son mari Paul se marie avec Laura. Dans ce roman, Kundera aborde les distinctions entre le soi et l’image de soi, deux composantes indissociables de l’être humain. Si le soi est mortel, l’image de soi aspire à l’immortalité.