jeudi 25 avril 2024

Comment Carlos Alcaraz est tombé dans le piège de Novak Djokovic

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Deux sets d’une intensité folle et puis… plus rien. Le duel de titans programmé entre Carlos Alcaraz et Novak Djokovic a tourné court vendredi après-midi sur le Chatrier. La faute au corps de l’Espagnol qui l’a trahi au pire moment. La faute aussi à un Serbe toujours aussi malin au moment d’étouffer sa proie.

On l’attendait mais il faudra finalement se contenter de se scénario qui frustre un peu tout le monde. Carlos Alcaraz le premier, sans aucun doute. Il avait l’occasion de marquer les esprits, il n’a même pas vraiment eu le temps d’y croire.

Ou si, pendant un petit set, le 2e. Celui où il est monté en régime. Où il a retrouvé son tennis pour tenir tête à un homme à Djokovic. Avant une triste suite qu’on connaît désormais.

En conférence de presse d’après-match, le visage encore rougi par la déception, Alcaraz ne se cachait pas derrière quelconque excuse. Ce match, il l’a perdu tout seul. En se mettant trop de pression… avant même le début du bras de fer : « J’ai commencé, j’étais vraiment nerveux. Et cette tension accumulée dans les deux premiers sets… c’était vraiment intense. Il y a eu vraiment de bons et durs échanges avec des amorties, des sprints. C’est un mélange de beaucoup de choses. Mais la tension était la raison principale. »

Une tension qui a donc eu raison de ses ambitions. Parfois, en sport, elle peut vous galvaniser. Ici, face à l’ampleur de l’enjeu et de l’adversaire, elle a tétanisé l’Espagnol.

Toujours en conférence de presse, Alcaraz avouait d’ailleurs que le statut, le pedigree de son adversaire du jour avait contribué à la pression qu’il s’est, lui-même, mise. Affronter Djokovic est loin d’être une sinécure, Alcaraz en a fait l’amer constat : « Ce n’est pas facile de jouer contre Novak, vous savez. C’est la vérité. La prochaine fois que je l’affronterai, j’espère que ce sera différent, mais il y aura toujours de la nervosité. Je ne m’étais jamais senti comme ça. »

Djokovic tisse sa toile et use son adversaire

Un Djokovic qui en a évidemment vu d’autres. Et qui a profité de l’inexpérience de son adversaire pour le pousser à bout. En imprimant un tempo d’enfer d’entrée de jeu. En le mettant sous pression sur chaque balle dans le premier set pour, déjà, prendre l’ascendant physique et psychologique. Un peu comme ce prédateur qui étouffe lentement et patiemment sa proie avant de définitivement l’assommer.

En vrai guerrier qu’il est, Alcaraz n’a même pas vu le piège se refermer sur lui. Pendant deux sets, il s’est arraché, comme un dingue, pour aller chercher la moindre balle qui traîne, s’engouffrer dans la moindre brèche que Djokovic daignait bien lui octroyer. Et il l’a fait avec brio, notamment dans cette 2e manche où il a pris l’ascendant tennistique sur son illustre adversaire.

Sauf que cette débauche d’énergie énorme a fini par se retourner contre lui. Et la tension, accumulée bien en amont du match, a fini par prendre le dessus. Jusqu’à le dévorer et quasiment lui couper les jambes pendant deux sets.

Revoilà donc Novak Djokovic en finale de Roland-Garros. Chahuté mais toujours debout. Critiqué mais diaboliquement tenace.

Jouer Djokovic est un enfer, Alcaraz l’a appris à ses dépens. Pas seulement parce que le Serbe est un génie tennistique. Mais aussi, et surtout, parce que c’est l’un des plus grands athlètes que ce sport ait jamais connu. Et qu’il sait s’en servir pour user l’adversaire…

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