mardi 23 avril 2024

L’Arabie saoudite sabre encore sa production pour doper les prix du pétrole

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L’Arabie saoudite, poids lourd de l’OPEP, a décidé dimanche de procéder à une nouvelle coupe de production dans l’espoir de faire remonter les cours du pétrole en berne dans un contexte économique assombri par la guerre en Ukraine.

Cette réduction volontaire de l’ordre d’un million de barils par jour s’appliquera à compter de juillet et pourra être étendue, a déclaré le prince saoudien Abdelaziz ben Salmane lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion à Vienne des 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de leurs 10 alliés conduits par la Russie.

Par ailleurs, les baisses instaurées depuis le début de mai par neuf pays, dont Riyad et Moscou, pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, sont étendues jusqu’à la fin de 2024, a précisé le vice-premier ministre russe Alexander Novak aux journalistes présents à la sortie.

Devant la presse, le ministre saoudien de l’Énergie s’est félicité d’avoir ménagé le suspense avec cette mesure qu’il a qualifiée de gâterie saoudienne et de cerise sur le gâteau pour ramener la stabilité sur un marché extrêmement volatil.

Les négociations ont duré plusieurs heures, des médias faisant état de divergences entre les 23 participants, qui représentent 60 % de la production mondiale d’or noir.

Difficiles discussions

À l’issue de difficiles discussions, les Émirats arabes unis, désireux de pomper davantage, ont obtenu un relèvement de la base de calcul de leur quota de production de brut, selon le nouveau tableau publié par l’OPEP.

En contrepartie, l’Angola, le Congo et le Nigeria notamment, réticents dans un premier temps, ont assisté à un abaissement de leurs objectifs, qu’ils peinent à atteindre.

Nous avons réussi à nous mettre d’accord, s’est félicité Bruno Jean-Richard Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures. On est très contents, a-t-il insisté.

Le geste de Riyad survient alors que les cours ont dévissé ces derniers mois malgré l’annonce surprise, début avril, de coupes draconiennes.

Cette stratégie a de fait échoué à faire remonter les prix dans un marché déprimé par les craintes de récession économique mondiale, les hausses des taux des principales banques centrales et la laborieuse reprise de la demande en Chine au sortir des restrictions anti-COVID.

Le Brent, référence du brut en Europe, s’échange actuellement à 76 $ le baril, et son équivalent américain, le WTI, à 71 $, loin des sommets enregistrés en mars 2022 au début du conflit en Ukraine (près de 140 $).

Signes de désaccord entre Riyad et Moscou

Tandis que des signes de discorde entre Riyad et Moscou menaçaient de perturber la rencontre, l’OPEP+ a affiché un front uni, a commenté pour l’AFP Giovanni Staunovo, analyste d’UBS. Ils ont à l’évidence des vues divergentes, mais ils ont démontré qu’ils savaient travailler ensemble.

Nous n’avons pas eu de désaccords. C’est une décision commune prise dans l’intérêt du marché, a assuré M. Novak.

Malgré ses engagements, la Russie est réticente à resserrer davantage les vannes d’or noir, cette manne lui servant à financer son offensive militaire contre l’Ukraine.

En outre, Moscou ne profiterait guère d’un renchérissement des cours. Du fait des sanctions occidentales, seul le pétrole russe à un prix égal ou inférieur à 60 $ peut continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il est interdit pour les entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc.).

En revanche, l’Arabie saoudite a besoin de prix plus élevés pour équilibrer son budget, explique Barbara Lambrecht, de Commerzbank, qui évoque un seuil de rentabilité autour des 80 $ le baril.

Après l’annonce de Riyad, les analystes s’attendent à une réaction positive du marché, selon Tamas Varga, de PVM Energy.

À plus long terme toutefois, un repli de la demande sous la pression inflationniste pourrait annuler l’effet de cette diminution de l’offre, avertit-elle.

L’alliance a d’ores et déjà prévenu qu’elle convoquera une réunion d’urgence si nécessaire. Pour l’heure, le prochain rendez-vous dans la capitale autrichienne a été fixé au 26 novembre.

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