jeudi 28 mars 2024

D’après cette étude, les enfants de l’Égypte antique souffraient fréquemment d’anémie

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L’anémie était une maladie fréquente durant l’antiquité en Égypte. Une équipe internationale de paléopathologistes vient de découvrir que de nombreux enfants de l’époque en souffraient.

Les résultats de cette étude sur l’Égypte antique publiés dans International Journal of Osteoarchaeology ont été obtenus par des analyses tomodensitométriques sur des momies d’enfants.

L’anémie concernait un enfant sur trois de l’Égypte antique 

En réalisant cette étude inédite sur des momies d’enfants de l’Égypte antique, les chercheurs se sont rendu compte qu’un enfant sur trois souffrait d’anémie ou d’une autre maladie du sang telle que la thalassémie.

Les chercheurs se sont servis d’une technique d’imagerie médicale appelée tomodensitométrie pour réaliser cette étude, la première du genre. La tomodensitométrie est une technologie utilisée en médecine pour obtenir des coupes fines du corps et des organes à étudier. Cet examen radiologique, appelé aussi CT-Scan en anglais, combine l’utilisation des rayons X et de l’informatique pour reconstituer des images en 2D et en 3D des différentes structures anatomiques. 

Les scientifiques ont effectué leur étude sur 21 momies d’enfants provenant de musées allemands, suisses et italiens. Les plus anciennes de ces momies remontent à l’Ancien Empire, une période de l’Égypte antique qui couvre une durée allant de 2686 à 2160 avant J.-C. et à la Première période intermédiaire (de 2160 à 2055 avant J.-C.). Cependant, la plupart des momies étudiées date de la période ptolémaïque c’est-à-dire de 332 à 30 avant J.-C. et de la période romaine qui s’étendait de 30 avant J.-C. à 395 après J.-C.

Pour obtenir des résultats, les chercheurs ont réalisé des examens tomodensitométriques sur l’ensemble des os de 21 momies appartenant à des enfants dont l’âge a été estimé entre 1 et 14 ans. Non seulement ils ont découvert la présence d’une probable thalassémie chez au moins une momie, mais ils ont découvert un élargissement pathologique de la voûte crânienne chez d’autres momies. Cet élargissement accompagne souvent les personnes anémiques.

Les causes de l’anémie chez les enfants de l’Égypte antique

L’anémie est un trouble qui se caractérise par une quantité de globules rouges insuffisante dans le sang en raison d’une carence en fer dans l’organisme. Il y a alors trop peu d’oxygène transporté jusqu’aux différents tissus de l’organisme. De nos jours, l’anémie se traite généralement bien grâce à des compléments alimentaires à base de fer et en analysant les causes de cette carence en fer.

Les personnes souffrant d’anémie présentent en plus d’une carence en fer, d’autres problèmes de santé tels que des hémorragies fréquentes du tractus gastro-intestinal, des inflammations et des infections chroniques, sans parler d’un système immunitaire fortement affaibli.

Grâce à la tomodensitométrie, les chercheurs ont pu étudier l’intérieur des momies afin de déterminer les signes d’une anémie et d’autres maladies sans devoir toucher à leur enveloppe extérieure. Ils ont pu ainsi obtenir de nombreuses informations sur la voûte crânienne et les os du visage. Un élargissement de la voûte crânienne est l’un des « signe mesurable » d’une anémie tout comme certaines modifications des os de la face sont le signe de la thalassémie.

Les chercheurs ont découvert que les principales causes de l’anémie de ces enfants de l’Égypte antique étaient la malnutrition, les infections causées par des parasites ainsi que des troubles génétiques. Ils ont également découvert que ces enfants de l’antiquité égyptienne souffraient plus souvent d’anémie que les adultes. Il est donc possible que l’anémie ait provoqué la mort précoce de certains d’entre eux sans toutefois pouvoir l’affirmer avec exactitude. 

Un très jeune enfant souffrant du syndrome de Beckwith-Wiedemann

L’une des momies est celle d’un très jeune enfant décédé avant d’avoir atteint sa première année et présentant une langue hypertrophiée. Il souffrait du syndrome de Beckwith-Wiedemann et de thalassémie. 

Le syndrome de Beckwith-Wiedemann est une maladie génétique rare qui affecte le développement de certaines parties du corps. Les signes de cette affection sont une langue volumineuse, une forte masse corporelle, une paroi de l’abdomen défectueuse, de gros organes et un taux de sucre trop faible chez le nouveau-né. Quant à la thalassémie, il s’agit d’une maladie héréditaire caractérisée par un trouble de la fabrication de l’une des quatre chaînes d’acides aminés qui entrent dans la constitution de l’hémoglobine qui ne peut donc pas transporter l’oxygène. Les formes mineures de thalassémie sont souvent asymptomatiques, mais la forme majeure donne lieu à une très grave anémie qui est mortelle si elle est non traitée.

Cette découverte souffre cependant d’un défaut, connu de la part des chercheurs : les momies étudiées ne sont pas représentatives d’une population puisqu’elles proviennent d’époques différentes.

Mais l’objectif premier de cette étude était d’estimer la prévalence de l’anémie chez les enfants de l’antiquité et de fournir des données comparatives pour de prochaines études.

Même s’il faut bien avouer que cette découverte revêt un côté triste, car il s’agit d’enfants, ces restes momifiés ont apporté et devraient encore apporter de nombreuses informations sur la vie, mais aussi sur la mort des enfants égyptiens de l’antiquité. 

 
 
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