vendredi 29 mars 2024

Mesures fiscales : les youtubeurs dans le collimateur du gouvernement

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La communauté des youtubeurs et autres créateurs de contenu sur internet sont dans le viseur des autorités fiscales. Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a déclaré récemment que des mesures seront prises quant aux modalités précises de cette imposition fiscale. En attendant, la disposition divise les professionnels entre favorables et défavorables.

Selon M. Baitas, « la norme est que toute activité, quelle qu’elle soit, générant des revenus, doit donner lieu à une contribution ». Il a également précisé que des mesures visant à taxer les youtubeurs sont en cours d’examen sérieux et que davantage de détails seront fournis lors d’un prochain point de presse, notamment sur les catégories concernées et les modalités d’application de cette opération.

Cette annonce a suscité des réactions mitigées parmi les intéressés. Si certains s’opposent à cette mesure, d’autres ne voient pas d’inconvénient à condition que certaines conditions soient respectées. Le youtubeur Mostafa El Fakkak, connu sous le pseudonyme de « Swinga », a été le premier à s’exprimer sur le sujet. Dans une vidéo publiée en ligne, il a demandé que les youtubeurs soient inclus dans le débat afin que les décisions prises soient logiques et respectent le principe de participation stipulé par la Constitution.

Cependant, des questions se posent quant à la façon dont ces taxes seront appliquées. Les revenus des youtubeurs ne proviennent pas uniquement des vues sur leurs vidéos, mais également des partenariats et des collaborations qu’ils réalisent sur YouTube et d’autres plateformes. Il semble difficile de calculer précisément leurs revenus. La solution envisagée par la Direction générale des impôts (DGI) consiste à suivre le train de vie de ces créateurs de contenu et à comparer leurs revenus déclarés.

L’expert en économie Khalid Benali, cité par nos confrères de « Les Inspirations Éco », a souligné que l’activité des youtubeurs a débuté de manière informelle avant de prendre rapidement de l’importance au Maroc. Il a souligné que cette activité est devenue une véritable profession pour de nombreuses personnes, ayant un impact sur l’économie et la compétitivité. Elle influence les préférences des consommateurs et favorise les échanges entre eux et les opérateurs.

Il est donc nécessaire de mettre en place un mécanisme de déclaration pour cette activité. Selon Khalid Benali, il existe des contenus informatifs et positifs, mais aussi des pratiques frauduleuses où des produits de mauvaise qualité sont promus. Il est donc impératif de protéger les consommateurs dans ce domaine.

L’expert insiste sur l’importance de la communication afin de dissiper les mythes entourant ces taxes. Il déclare: « Chaque fois qu’une taxe est introduite, le gouvernement est pointé du doigt et accusé de chercher des solutions fiscales pour augmenter les impôts. » Il souligne qu’il est essentiel d’encadrer la population et de la soutenir à travers des programmes spécifiques, car l’introduction d’une telle taxe risque de susciter une vive réaction.

En ce qui concerne les mécanismes à mettre en place pour imposer cette taxe, l’expert comptable Mohamed Boughaleb, également cité par « Les Inspirations Éco », estime que plusieurs solutions sont envisageables. D’une part, les youtubeurs pourraient volontairement procéder à la déclaration de leurs impôts. D’autre part, il serait possible de demander aux plateformes (YouTube, Instagram, etc.) de prélever directement une retenue à la source sur ces revenus. Cependant, cette solution présente des limites, car YouTube n’est pas situé au Maroc, ce qui rend difficile la contrainte de cette plateforme à effectuer cette démarche.

Mohamed Boughaleb déclare: « En réalité, la question qui se pose est de savoir si la vidéo réalisée au Maroc est consommée localement ou à l’étranger, et si elle peut être considérée comme une exportation ou non. »

Rappelons qu’en 2019, l’Office des changes avait adressé une lettre aux Youtubeurs et influenceurs les exhortait à se mettre en conformité avec l’instruction générale des opérations de change.

« Selon les éléments d’information en possession de l’Office des changes à ce jour, vous avez réalisé entre 2016 et 2018 des opérations d’exportation de services sans transmettre à cet organisme les comptes rendus y afférents, et ce conformément aux dispositions de l’instruction générale des opérations de change du 1er janvier 2019 que vous pouvez consulter sur le site internet de l’Office des changes », soulignait l’Office dans sa lettre.

Il reste donc des interrogations quant aux modalités précises de cette imposition fiscale des youtubeurs et des créateurs de contenu sur internet. Les détails seront communiqués ultérieurement par le gouvernement.

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