mardi 23 avril 2024

Défaut de paiement américain : l’espoir d’un accord politique grandit

-

Un accord est-il enfin en vue? La Maison-Blanche et les négociateurs ont continué vendredi à échafauder un compromis riche d’arrière-pensées politiques pour éviter un défaut de paiement américain, qui pourrait survenir le 5 juin au lieu du 1er, offrant un court délai supplémentaire.

Le président Joe Biden s’est montré assez optimiste , disant espérer savoir d’ici ce soir si nous sommes en mesure de conclure un accord.

Nous sommes plus proches [d’un accord], mais ce n’est pas encore fait, avait confié plus tôt une source proche des discussions, sceptique sur la possibilité d’une annonce dès vendredi.

Le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, principal protagoniste républicain de ce feuilleton politico-financier, avait noté des progrès.

Mais rien n’est acquis tant que tout n’a pas fait l’objet d’un accord, avait-il ajouté, histoire de maintenir la pression sur le président.

De la pression, il n’en manque pas dans cette affaire difficile à comprendre hors des États-Unis et plus généralement hors de la bulle de Washington.

Échéance repoussée

La date à laquelle le Trésor américain se trouvera incapable d’honorer ses engagements financiers a cependant été affinée : elle est désormais fixée au 5 juin, contre le 1er juin auparavant, offrant quelques jours de répit.

Sur la base des données les plus récentes, nous estimons maintenant que le Trésor ne disposera pas de ressources suffisantes pour satisfaire aux obligations du gouvernement si le Congrès n’a pas relevé ou suspendu le plafond de la dette d’ici au 5 juin, a détaillé vendredi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, dans une lettre aux élus du Congrès.

Plus de 130 milliards de dollars de paiements des retraites, en santé et pour les anciens combattants, notamment, sont prévus au cours des deux premiers jours de juin, ce qui laissera le Trésor avec un niveau de ressources extrêmement bas, a-t-elle précisé.

Le défi est d’amener le Congrès – la Chambre républicaine et le Sénat démocrate – à voter rapidement pour relever le plafond d’endettement public, sans quoi les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement, une situation inédite aux implications économiques, financières et sociales potentiellement catastrophiques.

Cette manœuvre parlementaire a longtemps été une formalité pour les deux partis. Mais cette fois, les républicains exigent, en échange de leur feu vert, une réduction des dépenses publiques.

Officiellement, Joe Biden refuse de négocier, estimant être retenu en otage.

Limiter la casse

Il permettrait de repousser pour deux ans, jusqu’après la prochaine élection présidentielle, le risque d’un défaut de paiement.

Kevin McCarthy, qui a besoin d’affirmer sa stature de président de la Chambre, pourrait se targuer d’avoir insufflé davantage de rigueur budgétaire, tandis que les démocrates affirmeraient avoir protégé les prestations sociales ou les grands projets d’investissement.

Le président américain, en campagne pour une réélection, a expliqué jeudi que deux visions opposées étaient à l’œuvre dans ces discussions.

Il s’est posé en champion de la justice sociale et fiscale. Mais selon la presse, le démocrate de 80 ans aurait renoncé dans ces négociations à augmenter autant qu’il le voulait les moyens consacrés à la lutte contre la fraude fiscale.

Si un accord est trouvé, il faudra encore qu’il soit adopté par le Sénat, contrôlé de justesse par les démocrates, et par la Chambre des représentants, dans laquelle les conservateurs ont une fragile majorité.

Une solution est primordiale, dit le FMI

Le calendrier parlementaire est contraint : nombre d’élus sont retournés dans leurs fiefs pour une pause de plusieurs jours, à l’occasion du week-end prolongé du Memorial Day.

Par ailleurs, certains progressistes au sein du Parti démocrate, tout comme certains élus du Parti républicain, ont menacé de ne pas ratifier ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse.

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a jugé vendredi que trouver une solution était primordial pour l’économie mondiale tout en soulignant que les États-Unis devaient faire plus pour réduire la dette publique.

- Advertisment -