samedi 20 avril 2024

Algérie : Le général-major Arar rejoint ses nombreux pairs à la prison militaire

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C’est le 3ème commandant en chef de la gendarmerie nationale à se trouver derrière les barreaux de la prison militaire de Blida. Deux ans après avoir été admis à la retraite le général Abderrahmane Arar a été arrêté et déféré devant le procureur de la république du tribunal militaire dans le courant de la semaine dernière, apprend-on, de source proche de la justice militaire.

Ils sont plus d’une cinquantaine de généraux de l’armée algérienne à croupir en prison pour enrichissement illicite, détournement de deniers publics et corruption. Parmi la cinquantaine, trois anciens patrons de la gendarmerie nationale. Le général-major Ghani Belleksir, en fuite en Europe depuis juillet 2019. Il a obtenu, en 2021, la nationalité du Vanuatu pour lui et son épouse, rendant caduc le mandat d’arrêt international lancé à son encontre par le tribunal militaire qui l’a condamné à 20 ans de prison par contumace. Le général Belleksir est à la tête d’une importante fortune et de nombreux biens immobiliers en Europe, dont un appartement cossu dans le 15ème arrondissement de Paris, d’une valeur de 2 millions d’Euros.

Son prédécesseur, le général-major Mohamed Nouba qui avait succédé au général-major Ahmed Boustila, en septembre 2015 et relevé de ses fonctions en juillet 2018 avant d’être condamné le 30 octobre 2019 à 15 ans de réclusion et confiscation de tous ses biens. Une condamnation confirmée en appel le 16 juin 2021.

Abderrahmane Arar, qui a succédé au général Ghali Belleksir, a été promu au grade de général-major en juillet 2019, alors qu’il était chef d’état-major de la gendarmerie. Il a été admis à la retraite au mois d’août 2021, soit deux ans après sa promotion à la tête de ce corps de sécurité placé sous la tutelle du ministère de la défense nationale. Contrairement à de nombreux autres généraux qui sont arrêtés et incarcérés, aussitôt mis à la retraite, le général Abderrahmane Arar n’est appelé devant la justice que deux ans plus tard après avoir été entendu dans un dossier en qualité de témoin. En début de la semaine du mois en cours, il est longuement auditionné avant d’être placé sous mandat de dépôt pour « violations des consignes militaires » et « abus de confiance ». On lui reproche, notamment, l’acquisition de nombreux biens immobiliers dans différentes régions du pays, particulièrement, à Alger, Tipaza, Ghardaïa et Oran. Ces biens ont fait l’objet de saisie et de confiscation judiciaire.

Il est à rappeler que le général Abdelghani Hamel, l’ancien patron de la police algérienne de 2010 à 2018 appartient, lui aussi, au corps de la gendarmerie avant d’être détaché à la garde républicaine de 2008 à 2010 et à la tête de la Direction Général de la Sûreté Nationale de 2010 à 2018. Il purge actuellement une peine de 12 ans de prison.

C’est le 4 juillet 2019 que le général-major Abdelghani Hamel est arrêté et placé sous mandat de dépôt à la prison civile d’El-Harrach avec deux de ses fils pour « activités illégales, trafic d’influence, détournement de foncier et mauvaise utilisation de la fonction ». Ses enfants Amiar, Chafik, Mourad et Chahinaz sont respectivement condamnés à dix ans, huit ans, sept ans et trois ans de prison ainsi qu’à des amendes. Ces peines sont respectivement réduites en appel à 8 ans, 6 ans, 5 ans et 1 an (et une année avec sursis). Son épouse, Annani Salima, est condamnée à deux ans de prison. Les sociétés de la famille d’Abdelghani Hamel sont condamnées à une forte amende et à la « confiscation de tous les biens et biens meubles ».

Le général-major Abdelghani Hamel a fait l’objet d’un véritable règlement de comptes et de harcèlement judiciaire de la part du défunt général de corps d’armée, l’ex-chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-ministre de la défense nationale sous Abdelaziz Bouteflika, à la suite d’une déclaration faisant allusion à l’implication de l’ancien homme fort de l’armée, dans l’affaire des 7 quintaux de cocaïne saisie au port d’Oran en mai 2018 et dans des affaires de corruption.

Toutes ces condamnations des anciens patrons des services de sécurité algériens ne font que confirmer l’existence d’une voyoucratie dans un pays saigné par la corruption, l’abus de fonction, les détournements des deniers publics, les trafics en tous genres (devises, cocaïne, stupéfiants, influence etc.)

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