vendredi 19 avril 2024

Liberté de la presse: Le PE épingle l’Algérie et met à nu les discours officiels

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Lors d’une séance plénière du Parlement européen à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté, ce jeudi 11 mai 2023,  une résolution invitant les institutions de l’Union européenne (UE) et les États membres à condamner ouvertement la répression exercée contre la liberté des médias en Algérie.

Cette résolution, approuvée à la majorité écrasante des voix (536 pour, 4 contre et 18 abstentions), appelle à la libération « immédiate et inconditionnelle »  du journaliste Ihsane El Kadi, condamné le 2 avril dernier à cinq ans de prison, et de toutes les personnes détenues et inculpées arbitrairement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

En adoptant une résolution qui condamne fermement l’Algérie pour ses atteintes aux libertés de la presse et d’expression, le Parlement européen a ainsi pris une décision sans équivoque qui plus est soutenue massivement par les eurodéputés, révélant ainsi un déséquilibre flagrant entre le nombre de soutiens à cette résolution et celui en faveur du Royaume. Cette prise de position européenne met en lumière les contradictions entre les discours officiels du gouvernement algérien vantant la liberté de la presse et la réalité sur le terrain.

La résolution contre l’Algérie a obtenu un soutien sans précédent au Parlement européen. Avec un nombre écrasant de 536 voix en sa faveur, elle démontre la préoccupation grandissante des eurodéputés envers la situation des journalistes en Algérie.

 En comparaison, une résolution similaire concernant les journalistes marocains, notamment le cas d’Omar RADI, n’avait obtenu que 356 voix de soutien, et ce le 19 janvier 2023. C’est dire combien ces chiffres mettent en évidence l’ampleur de la préoccupation européenne concernant la situation de la liberté de la presse en Algérie.

La décision du Parlement européen intervient en contradiction flagrante avec les déclarations du Chef de l’État algérien, qui n’a cessé de mettre en avant les prétendues libertés en Algérie. Lors de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée à Alger le 3 mai, Tebboune s’est même affiché aux côtés de plusieurs journalistes, dont Khaled Drareni, correspondant de « RSF » en Afrique du Nord. Cependant, cette mise en scène de proximité entre le pouvoir et les médias n’a pas réussi à masquer les atteintes répétées à la liberté d’expression en Algérie.

La résolution européenne reflète les inquiétudes croissantes face au musèlement des voix dissidentes et au verrouillage médiatique imposés par le régime algérien. Les dissolutions de l’ONG « LADDH » et de l’association « RAJ », ainsi que la fermeture des médias « Radio M » et « Maghreb Emergent », sont autant de mesures répressives qui ont conduit à une détérioration inquiétante de la liberté de la presse en Algérie. De plus, la situation emblématique de Khaled Drareni, interdit de quitter le territoire depuis 2020 et l’emprisonnement de journalistes, dont Ihsane EL KADI et Mustapha BENDJAMA, met en évidence la répression qui sévit à l’encontre des journalistes indépendants.

La résolution adoptée par le Parlement européen vient contredire les déclarations répétées du Président Tebboune, qui nie l’existence de prisonniers politiques ou d’opinion en Algérie. Les droits fondamentaux, pourtant ratifiés par le pays, tels que la Déclaration universelle des droits de l’Homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, sont bafoués de manière flagrante. L’adoption de cette résolution renforce ainsi les preuves accablantes des violations systématiques des droits de l’homme en Algérie.

L’adoption de cette résolution par une écrasante majorité au Parlement européen met en évidence la préoccupation grandissante concernant les atteintes à la liberté de la presse en Algérie. Malgré les discours officiels et les mises en scène de proximité entre le pouvoir et les médias, la réalité sur le terrain révèle un climat de répression et de censure.

In fine, cette résolution met à nu les contradictions entre les déclarations du gouvernement algérien et la réalité vécue par les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme en Algérie. Il est essentiel que la communauté internationale continue à exercer une pression pour que l’Algérie respecte ses engagements en matière de droits de l’homme et garantisse la liberté de la presse et d’expression.

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