Depuis l’apparition d’Internet, Big Data, l’Intelligence artificielle (IA), la révolution numérique n’a cessé d’impacter nombre de professions, dont celle du journalisme qui vit, aujourd’hui, une mutation vers « l’automatisation » de ses tâches rédactionnelles et des modes de son fonctionnement. Et si les journalistes ne pourront jamais être remplacés par des « machines » combien même intelligentes, ils sont appelés à suivre cette évolution technologique et à s’adapter au nouveau venu de l’IA dans leur monde, le ChatGPT.
Cette nouvelle technologie, qui offre une multitudes d’avantages, pourrait être d’une valeur ajoutée importante au monde du journalisme, a confié à la MAP Abdessamad Moutei, directeur-adjoint de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC).
Même son de cloche chez le professeur Youssef Bentaleb, de l’Université Ibn Tofail de Kénitra. « ChatGPT, dans sa nouvelle version (génération 4), est capable de comparer les différentes sources d’information, de feuilleter des milliers voire des milliards de pages web et de documents partout dans le monde, de rédiger des articles et même les transformer en différentes formes audio ou vidéo », a-t-il argué.
Dans le même élan, Salah Baïna, enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure d’Informatique et d’Analyse des Systèmes (ENSIAS-Rabat), a relevé que le journalisme est hautement concerné par les avancées de l’IA et des modèles de langage tels que ChatGPT.
« Ce type de technologies permettrait potentiellement d’automatiser certaines tâches journalistiques telles que la rédaction d’articles d’actualité, la génération de résumés et la traduction », a-t-il dit, estimant que « la partie optimiste est que cela ne peut pas remplacer complètement les compétences et l’expertise des journalistes humains qui, grâce à leur compréhension approfondie des sujets qu’ils couvrent, ainsi que leur capacité à évaluer et à vérifier les sources d’information de manière critique, pourront rester compétitifs et préserver leur savoir-faire ».
Le ChatGPT n’a pas que des avantages. Le risque de plagiat est énorme et la véracité de l’information n’est pas assurée.
Pour Abdessamad Moutei, également président du Centre de l’innovation médiatique et de l’entrepreneuriat, les usages de ChatGPT comme outil de journalisme présentent également des risques potentiels, l’un des inconvénients étant ses généralités.
« Il faut dire que l’IA est une opportunité qui peut faciliter le travail des journalistes, néanmoins elle va faire disparaître certains métiers liés au journalisme », selon Pr Bentaleb qui estime que c’est une concurrence déséquilibrée et que le métier est devant un vrai défi et une menace d’existence.
« Les journalistes ou autres professionnels sont censés s’adapter à ce nouvel arrivé, voire accepter le changement des règles du jeu », a-t-il suggéré.
« Il n’est pas certain que tous les journalistes puissent s’adapter aux évolutions technologiques tout en développant leurs compétences et leur expertise pour rester pertinents et compétitifs sur le marché du travail », a par ailleurs relevé Pr Baina qui est également docteur en Informatique et Automatique de l’Université de Lorraine. Car il est fort probable que certains journalistes ne pourront pas suivre l’évolution technologique, a-t-il conclu.
Les experts en Intelligence artificielle sont unanimes: le ChatGPT va bouleverser le quotidien des générations futures notamment en matière d’enseignement et de recherche et aussi en milieu professionnel, tout dépendra de la manière dont cet outil sera intégré au sein des métiers !
Selon une récente étude réalisée aux Etats-Unis par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie et la société OpenAI, la société éditrice de robot conversationnel, les changements qu’apporte l’Intelligence artificielle au monde du travail s’accélèrent avec l’arrivée du puissant outil ChatGPT auquel certains métiers sont particulièrement exposés.
Les chercheurs ont conclu qu’au moins la moitié des tâches des comptables, des mathématiciens, des interprètes et des écrivains et près de 20 pc de la main-d’œuvre américaine peuvent être effectuées beaucoup plus rapidement avec la technologie IA.
Les rôles de traitement de l’information, y compris les spécialistes des relations publiques, les sténographes judiciaires et les ingénieurs de la blockchain, sont très exposés, ont-ils constaté.