jeudi 28 mars 2024

Algérie : le régime booste la production pour apaiser l’opinion publique

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L’exécutif algérien a bricolé les données de production dans le secteur agricole, ce qui devrait générer davantage d’incertitude au sein de la population et de l’administration.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a révélé une grande divergence dans les données circulant sur la production agricole dans le pays, ce qui perpétue l’ampleur de la fraude pratiquée depuis l’intérieur du régime et l’utilisation de chiffres gonflés pour satisfaire les autorités supérieures et ainsi falsifier les chiffres. Ce carrefour est un autre de ceux qui affectent la crédibilité de l’actuel gouvernement algérien, et le problème de sa réputation internationale et, surtout, celui du citoyen ordinaire se pose à nouveau.

Le manque de transparence et de contrôle des institutions est le résultat d’une série d’actions menées par Alger afin de contenter l’opinion publique et ainsi se perpétuer au pouvoir.

Les institutions gouvernementales algériennes exagèrent les chiffres relatifs à la croissance des secteurs économiques et exagèrent la commercialisation des indicateurs positifs. Le président algérien a renouvelé ses critiques à l’égard des institutions actives dans le secteur agricole, révélant ainsi d’autres paradoxes.

Alors que l’on parlait de 29 millions de têtes de bétail et de 3 millions d’hectares de terres agricoles, il s’est avéré par la suite qu’il n’y a en fait que 19 millions de têtes et seulement 1,5 million d’hectares de terres agricoles, ce qui soulève des questions quant à l’intégrité des données et des chiffres qui circulent dans les différents rapports officiels.

Tebboune lui-même aurait révélé en 2021 que les revenus du secteur agricole étaient estimés à 25 milliards de dollars, un chiffre supérieur à celui des hydrocarbures à l’époque, mais lors des sessions ordinaires du secteur dans la capitale, Alger, il a révélé que la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut est estimée à moins de 15%. L’intervention du président Tebboune a soulevé la question du contrôle de la planification, des chiffres et des données. Les institutions officielles annoncent toujours des indicateurs positifs et de faux chiffres pour satisfaire l’autorité politique du pays.

Plusieurs écrans de fumée ont été lancés par l’administration centrale comme outil de communication pour détourner l’attention des problèmes économiques du pays. Le plus notable consiste à rendre implicitement les gouvernements du défunt président Abdelaziz Bouteflika responsables des données erronées, car d’énormes budgets ont été alloués au cours des deux dernières décennies pour soutenir le secteur. Si l’on considère que l’Algérie avait l’an dernier l’un des pires indices démocratiques au monde, dans les mêmes chiffres que le Pakistan, il est difficile de croire les prétextes avancés par Tebboune lors des réunions régulières. Selon lui, les acteurs du secteur agricole ont géré 29 millions de têtes de bétail, alors que les données présentées par des organismes indépendants fixent ce chiffre à 19.

Au-delà de la divergence des chiffres concernant le cheptel ou d’autres secteurs marchands dans le pays, les déclarations contradictoires font le lit des Algériens. La méfiance générée trouve son origine dans la conscience de la population que les chiffres sont utilisés à des fins politiques pour redorer l’image du régime.

Le président algérien espérait que son pays atteigne l’autosuffisance en produits agricoles d’ici 2025, un chiffre qui peut également être inclus dans le contexte de la crise des données et du contenu des rapports qu’il reçoit, car les indicateurs réalistes indiquent exactement le contraire, surtout avec le taux de croissance démographique du pays, où la population est de 40 millions d’habitants, avec six autres millions vivant dans la diaspora.

Un rapport officiel a révélé que « le président Tebboune est en train de définir les paramètres de la stratégie agricole à la lumière des conditions internationales actuelles », faisant référence à la crise alimentaire qui menace le monde en raison du changement climatique et de la guerre en Ukraine.

 S’abritant du reste du monde, le régime d’Alger précise dans son rapport que : « Aucun pays au monde n’a atteint l’autosuffisance totale ». La rue algérienne attend avec impatience de voir comment se traduira la réaction du président Tebboune, qu’il a qualifiée de « colère » face aux actions du gouvernement dans de nombreux secteurs.

Source: Atalayar

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