mardi 16 avril 2024

Colombie : Le président Petro dans l’œil du cyclone

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 Le président colombien, Gustavo Petro (gauche), déjà affaibli par une opposition généralisée contre ses réformes controversées, est dans la tourmente après l’éclatement d’un scandale de corruption impliquant son fils aîné et son frère. Le membre du Congrès Nicolás Petro, fils du chef de l’Etat, a été accusé par son ex-femme, Day Vásquez, d’avoir perçu de l’argent du trafiquant de drogue Samuel Santander Lopesierra, alias « Monsieur Marlboro », pour le financement de la campagne présidentielle de son père.

Vásquez a assuré dans une interview au magazine Semana que « Monsieur Marlboro » a donné au fils de Petro, député du département caribéen d’Atlántico (nord), « plus de 600 millions de pesos (environ 124.700 dollars) pour la campagne de son père.

« Cette somme n’a jamais été reversée à la campagne, parce que le fils a gardé cet argent, en plus d’autres sommes », à l’image des 200 millions de pesos (environ 41.500 dollars) reçus de l’homme d’affaires Alfonso « Turco » Hilsaca.

Les accusations ont été rendues publiques quelques heures après que le président Petro a publié une déclaration dans laquelle il demande au bureau du procureur d’enquêter sur son frère, Juan Fernando et sur son fils Nicolás, dans une tentative de contenir l’onde de choc déclenchée par cette affaire qui ternit l’image de celui qui a fait de la lutte anticorruption son principal cheval de bataille lors de la campagne électorale.

« En raison des informations qui circulent dans l’opinion publique sur mon frère Juan Fernando Petro Urrego et mon fils aîné Nicolás Petro Burgos, je demande au procureur général de la nation de mener toutes les enquêtes nécessaires et de déterminer les éventuelles responsabilités », a déclaré le président dans un communiqué.

Petro, un ancien guérillero vigoureusement critiqué pour sa politique indulgente avec les groupes paramilitaires et les gangs du trafic de drogue, a fait référence à de prétendues réunions dans les prisons où, selon certaines versions, des personnes de son entourage se seraient fait passer pour des membres du gouvernement pour contacter des criminels et leur proposer de les inclure dans le programme de « paix totale » en échange d’argent, une accusation contre son frère mais à laquelle son fils n’a pas encore été lié.

Dans sa déclaration jeudi, le président Petro a rappelé que « le seul responsable qui a l’aval du gouvernement pour avoir des contacts avec des organisations hors la loi dans le seul but de rechercher la paix est le Haut Commissaire pour la paix, Danilo Rueda ».

Le fils du président a assuré de son côté dans un communiqué que, contrairement à ce qu’affirme son ex-femme, il n’a eu aucun rapport avec « Monsieur Marlboro » ni avec « El Turco » Hilasca, des personnes qu’il dit ne pas connaître.

Nicolás Petro a ajouté qu’il n’avait « reçu aucun type de soutien, ni direct ni indirect » de la part de ces personnes, raison pour laquelle il a demandé « une enquête pour clarifier et protéger mon honneur et ma réputation ».

Le fils de Petro a également assuré que « c’est une erreur de la présidence de me lier à un problème aussi grave en relation avec la corruption par des organisations criminelles qui cherchent à entraver la paix totale ».

Lopesierra a amassé une fortune sur la côte atlantique dans les années 1980 en faisant du commerce de cigarettes et d’alcool de contrebande et a été élu sénateur en 1994, la même année où les autorités américaines ont affirmé qu’il faisait partie d’un réseau criminel de blanchiment d’argent.

Il a été capturé en 2002 et extradé vers les États-Unis en 2003, où il a été condamné à 25 ans de prison pour trafic de drogue avant d’être libéré en 2021.

Alfonso Hilsaca Eljaude, « El turco », est un homme d’affaires controversé que les enquêtes menées par le parquet vérifient son appartenance présumée à des organisations criminelles, notamment des groupes paramilitaires et des mafias de corruption administrative.

En 2009, il a été capturé après avoir été lié au massacre de quatre personnes à Cartagena de Indias, mais a été libéré au bout de huit mois « faute de preuves ».

En 2010, il est retourné en prison après avoir été accusé par divers chefs paramilitaires de collaborer avec eux et en 2014, il a été à nouveau arrêté pour meurtre puis libéré.

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