Les elliptiques sont pauvres en gaz et en poussière de sorte qu’elles ne forment quasiment plus d’étoiles. Elles peuvent croître en entrant en collision puis en fusionnant, mais ce phénomène est plutôt rare, comme s’est réalisée la croissance de ces galaxies, les premiers milliards d’années de l’Univers, en accrétant du gaz provenant de filaments froids.

Or, les études des chercheurs semblent bel et bien montrer qu’au cours des précédents milliards d’années jusqu’à aujourd’hui les trous noirs supermassifs des elliptiques continuent à croître alors qu’ils ne peuvent presque pas trouver de matière à avaler, de sorte que ces galaxies sont de 7 à 20 fois plus grandes qu’il y a 9 milliards d’années, plus précisément dans des proportions qui ne semblent pas compatibles avec l’accrétion de matière effective ou par fusion entre trous noirs supermassifs pendant cette période.

À strictement parler, le phénomène n’est pas encore établi au-delà de tout doute, mais il pourrait le devenir dans les années à venir. Ce qui est intéressant, c’est que le taux de croissance des trous noirs supermassifs dans les elliptiques semble suivre une loi de puissance à partir de l’expansion de l’Univers observable.

Un problème de raccordement de l’espace-temps local des trous noirs à l’espace-temps global cosmologique

Il se trouve que ce phénomène était plus ou moins considéré depuis des années en se basant sur de nouvelles analyses de ce qu’il faut entendre par la conservation de l’énergie et de la quantité de mouvement dans un univers décrit par la relativité générale et surtout les énigmes rencontrées lorsque l’on essaie de décrire un trou noir de Kerr en rotation dont l’espace-temps est raccordé localement à un modèle cosmologique global.

Pour saisir un peu la nature du problème, il fait savoir que la fameuse solution de Kerr, qui décrit nécessairement tous les trous noirs en rotation qui doivent d’ailleurs se former parfois quand une étoile s’effondre car elles sont toutes en rotation, a une géométrie qui tend vers un espace plat à distance infinie. Il y a potentiellement un conflit si le trou noir se trouve dans un modèle cosmologique qui n’est pas plat globalement mais peut être, par exemple, une sphère de très grande taille.

On s’est posé aussi la question de savoir comment l’expansion de l’espace affectait la taille des orbites des planètes du Système solaire. Bref, il y a toute une série de questions et de calculs en relativité générale qui pointent vers la nécessité d’une analyse fine, voire d’une modification des lois de la gravitation d’Einstein, quand on veut considérer des trous noirs et une énergie du vide pouvant exister dans des modèles cosmologiques et y compris dans les trous noirs.

Cela conduit notamment à une théorie dans laquelle les trous noirs, supermassifs ou non, croissent naturellement en masse dans un univers en expansion et ou inversement, ils influent sur cette expansion en retour comme s’ils constituaient l’énergie noire.

Remarquablement, selon les publications des chercheurs, il est possible de rendre compte d’une assez bonne façon de la valeur de l’énergie noire actuelle comme si elle était causée par les trous noirs et en particulier les trous noirs stellaires venant de l’effondrement gravitationnel des étoiles massives.