vendredi 19 avril 2024

Politique pharmaceutique au Maroc: Des propositions pour relever les défis

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Des parlementaires ont appelé à ce que l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé, qui sera créée prochainement, soit en mesure de mettre fin à un certain nombre d’obstacles qui entravent la politique pharmaceutique au Maroc. Elle doit également permettre de lutter contre ce qu’ils ont décrit comme des « lobbies du secteur pharmaceutique », en donnant à l’agence tous les pouvoirs nécessaires pour travailler.

Lors d’une réunion de la commission des secteurs sociaux, en présence du ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, la majorité et l’opposition du Parlement ont formulé quelques propositions pour que l’agence puisse relever les défis qui entravent la politique pharmaceutique au Maroc.

Le groupe du Mouvement populaire a appelé à la nécessité de mettre en place une politique spécifique pour encourager la fabrication et l’achat de médicaments génériques, ainsi que la promotion de la recherche scientifique sur ces derniers, afin d’assurer la fabrication de médicaments coûteux et importés de l’étranger.

Le groupe a également considéré comme nécessaire de généraliser et d’élargir l’utilisation des plateformes numériques pour faciliter le dépôt et le traitement des dossiers, ainsi que de suivre le développement de l’industrie pharmaceutique nationale et internationale.

 Le but étant de poursuivre une politique de baisse des prix simultanément avec leur baisse dans le pays d’origine. Les parlementaires ont également souligné que l’article 9 de la loi 17-04 stipule la nécessité d’inspecter les sites étrangers qui exportent des médicaments vers le Maroc, mais cette disposition ne s’applique pas du tout aux produits importés, alors que tous les produits fabriqués localement et exportés sont soumis à cette procédure, et que les pays importateurs de produits médicaux marocains inspectent les laboratoires nationaux avant toute importation.

Le groupe Authenticité et modernité a appelé à ce que l’agence ait le pouvoir de retirer les licences des établissements pharmaceutiques qui ne respectent pas la loi, critiquant la monopolisation et l’absence de concurrence loyale, ainsi que la mise en place d’un cadre juridique pour le Conseil des pharmaciens.

Le groupe socialiste a appelé à donner à l’agence le pouvoir permettant d’éviter la multiplication des intervenants, s’appuyant sur un rapport du Conseil de la concurrence selon lequel le marché des médicaments connaît une multiplication des intervenants. Appelant également à faire un effort concernant les prix, car le Maroc est l’un des pays d’Afrique du Nord ayant des prix élevés en la matière. L’agence doit également garantir une distribution équitable des médicaments.

En réponse à ces demandes, le ministre de la Santé a déclaré que l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé bénéficiera d’une indépendance financière, scientifique, technologique et politique pour qu’aucune partie ne puisse intervenir dans son travail. « C’est la base qui lui permettra de mettre en place une politique pharmaceutique qui n’est pas soumise à ce qu’on appelle les lobbies », a déclaré le ministre.

Il a expliqué que lorsque la relation entre le fabricant et le distributeur, ainsi qu’entre ce dernier et le vendeur est perturbée, cela a un impact sur le marché intérieur.

Il a affirmé que les médicaments sont disponibles en quantité suffisante dans les institutions publiques, mais qu’ils ne sont pas disponibles au même niveau sur le libre marché en raison des relations commerciales qui les régissent, soulignant qu’à chaque début d’année, il y a des discussions sur des interruptions en raison du non-paiement des factures entre les parties concernées. Selon le ministre, le problème ne peut pas être résolu par le ministère car il est lié à une question commerciale. Il est donc nécessaire de créer des mécanismes pour que le marché des médicaments ne soit pas soumis à ce type de relation qui rend les citoyens à leur merci.

Il a souligné qu’il est nécessaire de créer l’agence pour qu’il y ait une concurrence avec le marché international et pour créer des réserves stratégiques.

Le ministre a révélé qu’il existe 56 sociétés pharmaceutiques au Maroc, 66 distributeurs et environ 12.000 pharmacies, ce qui répond à environ 70% des besoins nationaux. Par conséquent, il est nécessaire de créer une politique pharmaceutique qui garantit la souveraineté pharmaceutique et sanitaire.

Le ministre a poursuivi en expliquant que cette politique sera mise en place d’ici 2027, en encourageant l’industrie nationale, les produits nationaux, ainsi qu’en s’appuyant sur les traitements traditionnels.

En ce qui concerne les défis futurs qui se posent au niveau national et mondial, le ministre a expliqué que le Maroc fabrique des médicaments en fonction des maladies existantes, soulignant qu’il y a quatre types spécifiques de ces maladies qui consomment un budget important et dont les citoyens souffrent, notamment le cancer et le diabète.

Soulignant que les études menées dans ce domaine qui ont montré qu’un grand nombre de médicaments génériques utilisés à l’étranger ne sont pas disponibles au Maroc à bas prix. Par conséquent, le ministre affirme qu’il est de son devoir de les rendre disponibles sur le marché national.

Ajoutant que tous les protocoles de traitement actuels ne sont plus suffisants car leur durée de vie est de dix ans et que la médecine évolue rapidement. Il est donc nécessaire de rechercher et d’innover, comme le font les pays avancés en créant des unités pour accélérer la production de médicaments pour les maladies orphelines qui nécessitent une action rapide. Par conséquent, le Maroc doit être qualifié pour ce développement, ce qui est le défi que l’agence devra relever, et qu’il a qualifié de « nécessaire ».

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