Les secours en Turquie et en Syrie poursuivent leurs efforts dans un froid glacial pour rechercher des rescapés dans les décombres des séismes qui ont déjà fait plus de 16.000 morts , selon des bilans officiels diffusés ce jeudi. Plus précisément, 12.873 personnes sont décédées en Turquie et 3.162 en Syrie, selon les autorités et des sources médicales, portant à 16.035 le nombre total de victimes. Pour la Turquie, il s’agit du pire bilan depuis le séisme de 1999 , d’une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17.000 morts dont un millier à Istanbul.
Après trois jours, les chances de survie des rescapés s’amenuisent, plus de 90 % des survivants étant secourus au cours de cette fenêtre, rappelle Ilan Kelman, chercheur en catastrophes naturelles à l’University College de Londres (UCL). Ce, d’autant que la nouvelle chute des températures rend les conditions de vie infernales pour les rescapés qui n’ont nulle part où aller.
Abris de fortune
Dans la ville turque de Gaziantep, les températures ont chuté à -5 °C tôt ce jeudi matin. Des gymnases, des mosquées, des écoles et des magasins ont accueilli des rescapés pour la nuit. Mais les lits restent rares, et des milliers de personnes passent leurs nuits blotties à l’intérieur d’une voiture ou dans des abris de fortune. « Nos enfants sont gelés », s’indigne Ahmet Huseyin, père de cinq enfants, qui a été obligé de construire un tel abri près de sa maison détruite à Gaziantep, ville turque proche de l’épicentre du séisme de 7,8 qui a frappé la région.
« Nous avons dû brûler les bancs du parc et même certains vêtements des enfants. Il n’y avait rien d’autre », ajoute ce père de famille. « Ils auraient pu au moins nous donner des tentes », maugrée-t-il en désignant les autorités turques.
La lenteur des autorités critiquée
Pendant plusieurs heures, dans la nuit de mercredi à jeudi, Twitter a été inaccessible en Turquie, alors que les réseaux sociaux sont inondés de messages de personnes se plaignant de la lenteur du déploiement des secours. Depuis lundi, la police turque a arrêté une douzaine de personnes pour des publications critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe.
« Nous savons déjà tout ce qu’ils veulent cacher », a affirmé Kemal Kilicdaroglu, le chef du principal parti d’opposition CHP. En visite mercredi dans la région, le président Recep Tayyip Erdogan a esquissé un mea culpa face à la montée des critiques. « Bien sûr qu’il y a des lacunes , il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a-t-il estimé.
A Antaya, dans la province d’Hatay, Rania Zaboubi slalome entre les corps déposés sur le bitume. Dans l’obscurité et le froid, elle ouvre un à un les sacs mortuaires à la recherche de son oncle, disparu dans le puissant séisme qui a fait lundi d’Antakya une ville martyre. « Nous avons retrouvé ma tante, mais pas mon oncle », lâche-t-elle d’une voix étranglée. Cette réfugiée syrienne, voile sombre et sabots aux pieds, a perdu huit membres de sa famille dans la tragédie.
Au total, en comptant la Syrie, 23 millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », s’est alarmée l’Organisation mondiale de la santé (OMS).