vendredi 19 avril 2024

Lignes TGV au Maroc : La France déraille, l’Espagne en embuscade

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L’Espagne souhaite concurrencer la France dans la réalisation des deux lignes de train à grande vitesse au Maroc. Madrid avance la «nouvelle étape dans les relations avec Rabat» pour remporter un chantier de plus de 75 milliards de dirhams.

L’Espagne est intéressée par le projet d’extension des lignes du train à grande vitesse Casablanca-Marrakech-Agadir. La réunion de haut niveau, tenue à Rabat le 1er et 2 février, a connu «la signature d’un mémorandum d’entente dans le domaine des infrastructures, entre le Ministère des Transports, des Mobilités et des Programmes Urbains du Royaume d’Espagne et le Ministère de l’Equipement et de l’Eau du Royaume du Maroc», indique la Déclaration conjointe publiée à l’issue de ce sommet.

«L’Office national des chemins de fer (ONCF) ambitionne de réaliser 1.300 km de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV)», avait en effet révélé le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, en avril 2022 à la Chambre des représentants. A la faveur de la nouvelle étape dans les relations entre les deux pays, les entrepreneurs espagnols souhaitent remporter ce grand chantier. «Les liens bilatéraux sont essentiels pour obtenir une part du gâteau du projet», confient des investisseurs ibériques dans des déclarations à El Confidencial.

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L’«Espagne Exportations et Investissement (ICEX, selon son acronyme en castillan)», un organisme public, se félicite dans un rapport que «les processus d’appel d’offres au Maroc sont transparents, mais pour avoir une part sur le marché marocain, il faut s’appuyer sur un partenaire local». Et de reconnaitre que le Français Alstom a une longueur d’avance sur les Espagnols, rapporte El Confidencial.

Jusqu’ici, la présence espagnole dans le secteur ferroviaire au royaume se limite à fournir des systèmes de signalisations ou de sécurité à travers des sociétés comme ArcelorMittal ou Indra. Et de rappeler que RENFE (société spécialisée dans les trains à grande vitesse) a signé un accord de coopération avec l’ONCF.

Pour l’heure, le Maroc a toutes les cartes en main pour tirer profit politiquement de la concession de ce grand chantier à des groupes européens ou chinois, d’autant qu’il s’agit de la réalisation de deux lignes TGV : Marrakech-Agadir et Casablanca-Marrakech. Le premier projet avance à petits pas. En témoigne la publication au Bulletin officiel dans son édition du 2 mars 2020 du décret ministériel n°2.20.71, promulgué le 14 février de la même année, autorisant l’expropriation au nom de l’utilité publique de lots de terrains situés sur la commune d’Agadir, pour y construire la prochaine gare ferroviaire du train à grande vitesse.

Pour sa part, le directeur général de l’ONCF, Rabiî Lakhliî, a révélé à la Chambre des représentants quelques détails sur l’état d’avancement du TGV Casablanca-Marrakech. Le 1er février, le jour même de l’arrivée de Pedro Sanchez au Maroc, il a souligné que l’Office a commencé la phase des études et se prépare à l’acquisition du foncier, environ 2.500 hectares. Le coût financier du projet est estimé à 42 milliards de dirhams. Le montant total de la réalisation des deux lignes TGV pourrait atteindre 75 MMDH, avait affirmé le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil. «On travaille actuellement sur des solutions innovantes de financement afin de réaliser ces projets», avait-il précisé à la Chambre des députés.

Pour mémoire le TGV Tanger-Casablanca avait été accordé à la France, alors sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Le président Emmanuel Macron s’est déplacé, le 15 novembre 2018, au Maroc pour l’inauguration de la ligne ferroviaire, aux côtés du roi Mohammed VI.

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