Le mouvement de protestation contre le projet impopulaire du gouvernement français de porter l’âge de la retraite à 64 ans a été « historique », avec plus d’un million de personnes dans les rues à l’occasion des plus grandes manifestations du pays depuis 30 ans, écrit lundi The Guardian.
Les syndicats de tout le paysage politique, des centristes modérés à la gauche radicale, ont pris l’initiative rare de s’unir, relève le média britannique, soulignant que les sondages montrent qu’une majorité de Français sont contre les changements de Macron et qu’une majorité soutient le mouvement de protestation.
De plus, la participation massive aux manifestations dans les centres ruraux, et pas seulement dans les villes, a montré la colère et la souffrance réelles des principaux travailleurs, des enseignants aux infirmières en passant par les aides-soignants, « qui se sentent dévalorisés et sous-payés et luttent contre le stress et les mauvaises conditions de travail ».
Le président français Emmanuel Macron est, depuis plusieurs mois, sous pression pour donner un certain élan à son second mandat, poursuit le journal, notant qu’il a été sévèrement miné sur le front intérieur quand sa formation centriste n’a pas réussi à obtenir une majorité absolue aux élections législatives de juin dernier, face à des gains importants pour l’extrême droite et la gauche radicale.
« La crédibilité de Macron dans son pays est en jeu », soutient le quotidien, précisant que la gauche l’accuse de se tromper lourdement sur l’humeur du public et d’accroître les inégalités sociales en ces temps difficiles.
Selon le président français, le rapport entre actifs et retraités se modifie à mesure que la population vieillit, et la seule façon de « sauver » le système est de faire travailler les gens plus longtemps. Mais le problème de Macron est que ses changements sont perçus comme profondément injustes, accusés d’accroître les inégalités et de frapper les travailleurs et les femmes à revenus faibles et moyens, détaille la même source.
La victoire de Macron face à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen au printemps dernier continue de porter préjudice à son mandat, estime le grand tirage, notant que bien qu’un grand nombre de personnes de gauche qui défilent actuellement contre la réforme des retraites ont bien voté pour Macron, ils l’ont fait pour stopper Le Pen, et non pour soutenir son programme sur les retraites.