samedi 1 avril 2023

Edouard Balladur: La France assiste à « un affaissement général »

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Confronté à des mouvements sociaux et à une forte contestation populaire, Emmanuel Macron est critiqué de tous bords en France. L’ancien Premier ministre français, Edouard Balladur, estime que son pays assiste à « un affaissement général ».

La France a connu un début d’année très agité, autant dans les rues qu’au sein de ses institutions politiques. Deux grèves générales ont immobilisé le pays, le 19 et le 31 janvier, en contestation à la réforme des retraites, forcée par le gouvernement d’Elisabeth Borne et du président Emmanuel Macron, malgré l’opposition féroce des syndicats. L’exécutif entend notamment porter l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans à partir de 2030 (contre 62 ans actuellement). À compter du 1er septembre 2023, l’âge légal va être relevé d’un trimestre chaque année pour atteindre 64 ans en 2030.

Au sein de l’Hexagone, les voix s’élèvent pour dénoncer la rigidité du gouvernement Macron et son obstination à imposer aux Français une réforme peu populaire. En effet, si l’exécutif mise sur les parlementaires de droite pour adopter la loi, Élisabeth Borne n’exclut pas la possibilité d’avoir recours au 49.3. Pour rappel, cette loi permet de faire adopter un texte sans vote par l’Assemblée.

Le bureau de la Première ministre pourrait aussi dégainer le 47.1, un dispositif jamais utilisé depuis 1958 et durant la Vème République. Cette disposition limite en effet à 50 jours l’examen d’un texte au Parlement. Passé ce délai, « les dispositions peuvent être mises en œuvre par ordonnance », précise la Constitution française.

Des confrontations sans fins

Parmi les voix contestatrices, celle de Edouard Balladur, ancien Premier ministre de François Mitterrand, et ministre d’Economie dans le gouvernement de Jacques Chirac. Dans les colonnes du quotidien français Le Figaro, celui qui était par ailleurs Secrétaire général de la présidence de Georges Pompidou estime que « rarement la France a connu des difficultés aussi graves, que ce soit dans les domaines économique, social, éducatif, de la sécurité… ». Et d’ajouter que son pays assiste à un « affaissement général ». Dans cet entretien, il regrette le passage du septennat au quinquennat: « notre vie politique est très compliquée par la multiplicité des consultations présidentielles législatives, municipales, départementales, européennes, sénatoriales… Cela donne une sorte de harcèlement au débat politique ». « Le quinquennat n’a pas rendu le pouvoir plus proche des citoyens », a-t-il également martelé.

Pour lui, le régime présidentiel actuel rigidifie le fonctionnement de la vie publique. Le pouvoir exécutif n’est pas responsable devant le Parlement mais l’exécutif ne peut pas dissoudre non plus le Parlement. « Il en résulte une confrontation qui devient vite stérile entre les deux pouvoirs. Pour en sortir, il faut à grand-peine, élaborer des compromis. Or, les Français sont peu doués pour les compromis. Ils leur préfèrent des confrontations sans fins ».

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