mardi 16 avril 2024

La création du Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats saluée à Genève

-

Des experts internationaux et des diplomates ont salué, lundi à Genève, la création à Dakhla du Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats, appelant les donateurs à conditionner l’aide humanitaire au respect des droits de l’enfant et à la prévention du recrutement d’enfants.

Lors d’une rencontre internationale, organisée par la mission permanente du Maroc à Genève, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, les intervenants ont salué les initiatives positives représentées par la création de centres de recherche, comme celui de Dakhla, lesquels contribuent à la collecte des données nécessaires pour lutter contre le fléau du recrutement des enfants, dans le cadre d’une approche alliant global et local, théorique et pratique, académique et politique.

Ainsi, la Déclaration finale ayant sanctionné les travaux de la rencontre a appelé les parties donatrices à intensifier leur soutien aux actions des organisations internationales, ainsi que des organisations non gouvernementales, en vue de lutter contre le recrutement des enfants soldats, tout particulièrement par les groupes et milices armés.

Le document a également encouragé ces parties à conditionner l’octroi de l’assistance humanitaire au respect scrupuleux des droits de l’enfant et de priver d’assistance tout groupe armé coupable d’endoctrinement et/ou de recrutement d’enfants.

Parmi les mesures à même d’assurer la prévention et la protection des enfants contre l’enrôlement, la déclaration a souligné la nécessité d’enregistrer les enfants dans les camps de réfugiés et de garantir leur accès à l’éducation.

Les participants à la rencontre ont également rappelé que même pour les États non Parties aux conventions internationales y afférentes, l’interdiction du recrutement d’enfants soldats dans les forces armées et les groupes armés constitue une norme de droit coutumier s’imposant à tous.

Et de préciser que, selon le Statut de la Cour pénale internationale, le fait de procéder à la conscription ou à l’enrôlement d’enfants dans des forces ou des groupes armés constitue un crime de guerre dans les conflits armés internationaux et non internationaux.

Intervenant par vidéo-conférence lors de cette rencontre, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Virginia Gamba, a souligné que la vulnérabilité des enfants dans les situations de conflit est exacerbée, d’où la nécessité de les faire bénéficier d’une protection spéciale en vertu du droit international, qui oblige les parties à assurer la sécurité physique de cette catégorie.

Le Conseil de sécurité a publié plusieurs résolutions relatives à la prévention du recrutement d’enfants, et le système des Nations Unies a été impliqué dans des programmes de réintégration et de réhabilitation des enfants victimes de recrutement, a rappelé la responsable onusienne, plaidant pour un engagement plus poussé auprès des mécanismes internationaux pertinents, à l’instar des principes de Paris et de Vancouver.

Pour sa part, l’expert en droit international, Michel Veuthey, a abordé le recrutement des enfants à travers trois dimensions englobant la prévention, la protection et la réhabilitation, notant que, selon les estimations, près de 300.000 enfants combattants sont répartis dans les zones de conflit.

Les enfants soldats sont exposés à de multiples formes de violations, y compris le travail forcé, l’exploitation sexuelle, le vol d’organes, la pédopornographie, la criminalité forcée…etc, a-t-il averti, jugeant qu’un travail de fond doit être fait en termes de mobilisation de l’opinion publique, de dialogue avec les parties concernées et de partage de bonnes pratiques.

De son côté, le président de la Fédération italienne des droits de l’Homme, Antonio Stango, a attiré l’attention sur une autre dimension de la souffrance des enfants victimes de recrutement, à savoir la stigmatisation sociale qui les poursuit même après la fin de leur enrôlement, en particulier les filles victimes d’exploitation sexuelle par les forces et groupes armés.

Il a, de même, souligné la nécessité de mobiliser les mécanismes de la justice internationale contre ceux qui commettent ces violations, appelant à une plus grande action du Conseil de sécurité dans ce sens.

L’ex-eurodéputé Gilles Pargneaux a donné un aperçu du fléau dans les camps de Tindouf, où le recrutement des enfants par le  »polisario » s’est développé de manière flagrante, sous le regard des autorités algériennes.

Les preuves apportées par les ONG et les représentants des institutions législatives concernant l’exploitation des enfants à des fins militaires sont accablantes, a-t-il fait remarquer, appelant l’Union européenne à prendre des mesures pour contraindre l’Algérie à respecter ses obligations vis-à-vis des violations commises sur son sol.

Lors de cette rencontre, qui a connu la participation de plusieurs personnalités diplomatiques accréditées à Genève, le président du Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats, Abdelkader Filali, a présenté un exposé axé sur le phénomène du point de vue du droit international et sur les missions du centre en matière de recherche sur le sujet.

M. Filali a également évoqué des histoires de recrutement d’enfants au cœur des camps de Tindouf, de la bouche des victimes, dont les témoignages concordent avec ceux d’anciens agents des renseignements cubains, qui avaient parlé de l’encadrement militaire des enfants des camps.

L’ambassadeur, représentant permanent du Maroc à Genève, Omar Zniber, a, quant à lui, indiqué que l’organisation de cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la volonté du Maroc de consacrer les droits de l’enfant, d’assurer les mécanismes de leur mise en œuvre et de contribuer à la mobilisation de la communauté internationale.

Il a également averti que le danger lié au recrutement des enfants est exacerbé lorsque certains pays apportent leur soutien aux groupes armés qui commettent ce « crime contre l’humanité », plaidant pour une plus grande implication de la communauté internationale pour mettre fin à la tragédie des enfants soldats dans les camps de Tindouf.

- Advertisment -