vendredi 29 mars 2024

The Economist : «L’Algérie nourrit une virulence obsessionnelle» à l’égard du Maroc

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Les faibles performances de l’économie algérienne, la rente gazière, la situation sociale qui se dégrade très rapidement et le faible ancrage des forces démocratiques dans la société font de l’Algérie une poudrière à risque, estime The Economist.

Dans une analyse percutante, le  média britannique a brossé un sombre portrait de l’Algérie, un pays où l’armée a détient les pouvoirs essentiels, où aucun élargissement des structures politiques n’est vraiment possible, Un pays où les décisions sociales, économiques et politiques sont soumises à une incompétence flagrante.

«Deux mots du lexique local résument le malaise algérien : hogra et haraga. Le premier englobe une gamme de sentiments sombres qui affectent les Algériens : un sentiment d’humiliation et d’oppression, un déni de dignité. Le deuxième se réfère au nombre croissant d’Algériens qui veulent émigrer illégalement pour avoir une vie meilleure à l’étranger», écrit The Economist hebdomadaire britannique de référence à l’échelle mondiale.

L’hebdomadaire livre une autopsie incontournable de la situation algérienne : «Pour le moment, trois facteurs retardent l’implosion. Le prix élevé du gaz et du pétrole, qui représentent 90 % des recettes en devises ; les éléments de base de la vie massivement subventionnés et enfin le souvenir refoulé des massacres de la décennie noire.» «Beaucoup préfèrent pour le moment l’emprise étouffante de l’appareil militaire et sécuritaire au chaos et à l’effusion de sang», reconnaît The Economist.

«Mis à part le gaz et le pétrole, l’économie est lamentable. La plus grande entreprise est Sonatrach, un mastodonte mal géré qui domine le secteur de l’énergie. La croissance économique a souvent été à la traîne. Le chômage est d’environ 15%, et reste élevé chez les jeunes», pointe la même source.

«Une loi adoptée en 2019 était censée ouvrir les investissements aux étrangers, supprimant une exigence antérieure selon laquelle les entreprises algériennes, généralement publiques, doivent détenir plus de la moitié de toute entreprise. Mais les banques occidentales et le FMI, considérés avec suspicion dans les milieux officiels algériens, restent prudents face à l’enchevêtrement politique, les obstacles bureaucratiques, l’incompétence flagrante et l’attitude hostile envers les capitaux étrangers, notamment français et américains», a-t-on souligné.

L’article rappelle que le régime d’Abdelmadjid Tebboune n’a été sauvé de l’ouragan protestataire que par l’apparition du Covid-19 en 2020, qui a fait s’effondrer le Hirak, et par la flambée des prix du gaz et du pétrole qui permettent à l’État de subventionner les aliments de base, l’électricité, l’huile de cuisine, l’essence et le logement.

Le texte dépeint la situation des droits de l’homme dans le pays comme «lamentable» décrit les médias officiels comme étant «pathétiquement flagorneurs» alors que la presse occidentale est considérée comme hostile et les médias d’opposition et le Hirak comme «infiltrés par le Mossad, le service de renseignement israélien, et souvent à la solde du Maroc.»

« Les déclarations officielles ont tendance à être imprégnées «d’un mélange de vantardise et de paranoïa». Les évaluations sincères sont furieusement rejetées comme «racistes ou motivées par un désir haineux de déstabiliser le pays», a-t-on analysé.

Le magazine note à cet égard une constante dans les médias officiels algériens, qui sont, dit-il, «d’une virulence obsessionnelle envers le Maroc voisin, d’autant plus que le vent diplomatique pourrait se retourner contre l’Algérie dans ses menées en faveur du Polisario.»

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