mardi 16 avril 2024

Militants algériens: Une longue liste de victimes de violations

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 Des militants algériens ont dénoncé, vendredi, au Palais des Nations Unies à Genève, la situation des droits de l’homme en Algérie, laquelle se caractérise par des lois qui institutionnalisent les abus et des violations ciblant un grand nombre de de victimes.

Lors d’une réunion parallèle, organisée par l’Institut du Caire pour les droits de l’homme (CIHRS), en marge de l’examen périodique universel de l’Algérie, les militants ont donné un large aperçu de la situation des droits de l’homme dans le pays, reflétée par les souffrances des militants de la société civile, qui luttent pour le changement pacifique et la démocratie et pâtissent de divers types de restrictions et de ciblage.

Le juriste Mouloud Boumgar a abordé la question de l’instrumentalisation à des fins politiques du mécanisme législatif, considérant que le droit pénal institutionnalise la pratique des abus, à travers une définition large du terrorisme et l’invocation de la sécurité de l’État pour porter atteinte à toute action appelant à un changement pacifique.

Il a évoqué des pratiques systématiques pour étouffer l’espace public et faire pression sur ceux qui cherchent à changer le système de gouvernance dans le pays, en voulant pour exemple l’augmentation flagrante des contrôles imposés aux militants au nom de la lutte contre le terrorisme.

Les amendements apportés au Code pénal de 2021 ont renforcé le caractère arbitraire de l’inclusion des entités sur les listes du terrorisme, qui sont contrôlées par l’autorité exécutive, a poursuivi le juriste, y voyant une mesure aux conséquences graves et une violation de la présomption d’innocence.

Pour sa part, Raouf Mellal, président de la Confédération des forces productives, a évoqué les cas d’un certain nombre de dirigeants syndicaux et associatifs qui ont été arrêtés ou font face à cette épreuve au motif d’appartenance à des organisations terroristes sur fond de poursuites sur la base d’actions purement civiles.

Les autorités n’hésitent pas à organiser des procès fictifs contre des militants syndicaux et associatifs, accusés notamment d’incitation à des rassemblements illégaux ou de gestion d’organisations non agréées, sans compter la dissolution administrative d’un certain nombre de syndicats et d’associations.

De son côté, la militante féministe, Asmahan Ait Messaoud, a noté que malgré les engagements de l’Etat, à l’occasion du précédent examen, les mesures concrètes de lutte contre les violences basées sur le genre sont restées absentes, jugeant que le droit de la famille est un exemple de texte juridique qui pérennise l’inégalité.

Les femmes vivent dans des conditions difficiles concernant divers droits économiques et sociaux, comme en témoignent les indicateurs de l’emploi et du chômage et le statut des femmes dans les secteurs informels, a-t-elle déploré.

Et de souligner que le cadre légal de lutte contre les violences conjugales et les viols demeure faible, alors que le pays ne compte que deux centres d’accueil pour femmes victimes de violences.

Le dialogue interactif sur l’examen périodique universel de l’Algérie s’est déroulé, vendredi matin, et a fait l’objet de nombreuses critiques portant principalement sur le statut des droits civils et politiques, tels que les libertés d’expression, le droit de créer des associations et le statut des minorités linguistiques et religieuses.

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