samedi 20 avril 2024

Hubert Seillan: Le Maroc dispose d’armes solides dans son affirmation de souveraineté au Sahara

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Le président de la Fondation France-Maroc Paix et Développement Durable, Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris, a signé un article très intéressant, publié par le magazine Marianne, le 26 septembre 2022, sous l’intitulé : « Le Maroc dispose d’armes solides dans son affirmation de souveraineté au Sahara ».

Dans cet article, M. Seillan, qui est également écrivain et juriste français, analyse la situation dans laquelle se trouve le Sahara marocain. C’est un rapide exercice d’analyse des jeux d’acteurs du contexte hostile au Sahara marocain, dit-il, qui permet « d’observer leur caractère ponctuel, ce qui autorise à penser que la politique affirmée du Maroc apportera  la réponse que les Marocains du Sud et du Nord attendent. »

Ci-dessous le texte intégral de l’article de Me Hubert Seillan:

Tandis que le rituel onusien se poursuit avec la méthode juridicisée de l’institution, le Sahara marocain assure, dans la paix, son développement durable. L’importance des énergies vertes, la recherche des équilibres biologiques, la création de filières de formations pratiques et appropriés  à ces objectifs s’inscrivent dans la Charte onusienne. Les dernières consultations électorales nationales, régionales et locales ne peuvent pas tromper, le pays légal est bien le pays réel. Mais ceux qui formulent, depuis près de cinquante ans, leur hostilité dans la forme de vérités révélées, continuent à déverser des tonnes de communiqués sur les réseaux sociaux que trop d’organes de presse relaient sans autre précaution.

La contradiction entre les faits et les points de vue n’est pas suffisamment relevée. Sans doute qu’une part de paresse intellectuelle est en cause, mais aussi la hiérarchie de l’actualité, le sujet du Sahara marocain ne dominant pas l’attention du Monde. S’il est une cause nationale pour les Marocains, il ne l’est pour aucune des Puissances.

Mais, comme il est embourbé dans les ornières du droit onusien, quelques pays croient pouvoir l’enserrer dans leurs griffes. Quand le fait dérange le droit est bien utile, cette pensée dilatoire est bien connue des gens de justice. Ces artifices n’étant cependant pas suffisants pour convaincre, l’Algérie s’est déclarée en état de guerre avec le Maroc et multiplie les marques d’agressivité. Le contexte géopolitique international mérite donc d’être analysé.

« L’Algérie n’a jamais été aussi puissante sur le plan financier. »

La guerre en Ukraine a modifié très fortement les mécanismes économiques dans le monde. La Russie, bien que marquant le pas sur le terrain, a des ressources énergétiques si importantes, qu’elle dispose de moyens financiers considérables qui lui permettent d’avoir une influence déterminante dans bien des pays du monde et en particulier en Afrique. Animant des forces occultes comme Wagner, elle est présente dans quelques pays du Sahel et en Algérie. En même temps, les Européens qui étaient très fortement dépendants du gaz russe se sont tournés vers l’Algérie dont les ressources gazières sont également immenses. De ce fait, le pays n’a jamais été aussi puissant sur le plan financier. Il lui est donc aisé d’animer la critique sur la marocanité du Sahara marocain.

Ce mouvement d’encerclement silencieux qui se développe à l’Ouest de l’Afrique ne menace pas seulement le Maroc mais aussi la Mauritanie et les pays du sub-Sahel. Ainsi s’éclaire l’un des premiers effets de la guerre en Ukraine, avec la montée en puissance de la Russie et de l’Algérie dans le concert des nations.

La Russie et l’Algérie sont ainsi réunies par des intérêts communs. Cela ne surprendra pas les diplomaties. Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a placé ses pas sur les chemins de l’Empire soviétique et en avril dernier, elle s’est abstenue de condamner la Russie dans sa guerre d’annexion d’une partie de l’Ukraine. Il s’agit donc d’une alliance ancienne qui semble devoir être ignorée des Européens.

« Le prix des livraisons du gaz algérien inclut la non reconnaissance du Sahara marocain par les pays bénéficiaires. »

Le gaz russe faisant défaut, le gaz algérien est le bienvenu. Le pragmatisme politique dont se ceignent les dirigeants européens, notamment italiens et français, a cependant un prix. Importateurs de ce produit de première nécessité, ils doivent assumer toutes les obligations du contrat. Le prix n’en est qu’une part. L’absence de souveraineté énergétique correspond à une perte de liberté diplomatique. Le Maroc et son Sahara sont, peut-on en douter, dans les prévisions des accords. Le prix des livraisons inclut la non reconnaissance du Sahara marocain par les pays bénéficiaires.

Ainsi se comprend mieux la surprenante décision de la Tunisie de recevoir en grande pompe l’organisation polisario, qui ne vit que sous perfusion du pays qui l’a conçue. La Tunisie est la caricature de ce qui attend ceux qui  laissent entendre que les contrats gaziers relèvent seulement d’une gestion de bon père de famille et seront appliqués avec bonne foi. Les menaces récentes qu’a reçu l’Espagne suspectée de livrer le gaz qui passe chez elle hors de l’autorisation du producteur, ne permettent pas d’en douter. Ces contrats subordonnent les diplomaties.

Dans  ce contexte pour le moins hostile, les Etats-Unis, qui maîtrisent parfaitement leurs besoins énergétiques, sont les meilleurs alliés de la cause du Sahara marocain. C’est la donnée géopolitique majeure. Mais il en est d’autres qui doivent retenir l’attention. L’Afrique noire a parfaitement conscience du risque que cet encerclement fait peser sur elle. Elle n’ignore pas que la guerre en Ukraine remet en cause les traités sur les frontières. Elle sait que cet encerclement a de réelles potentialités désastreuses. Or elle a besoin de paix pour assurer son développement économique social et culturel.

« La France n’est pas libre dans sa relation avec le Maroc. »

Il en est encore une autre. La Turquie dont la position stratégique dans le conflit ukrainien n’a pas à être souligné, est la première puissance militaire de la région et membre de l’OTAN. Elle est de ce fait loin d’être acquise à l’intention algérienne et elle a observé avec une attention particulière, la méthode pacifique qui a permis au Maroc de réduire le fondamentalisme islamique à  rien du tout lors des dernières élections. La Turquie qui exerce en outre une influence très importante sur les diplomaties européennes a, dans un tel contexte, un intérêt certain à se rapprocher du Maroc.

Reste la position très ambigüe de la France. Aux liens fraternels historiques qui lient les deux pays, notre diplomatie oppose une résistance qui étonne les Français et l’Europe. La France entend-on fréquemment, n’est-elle pas la première amie du Maroc, les Français n’y sont-ils pas chez eux et la communauté marocaine en France n’est-elle pas celle qui offre les meilleures garanties sur le plan du « vivre ensemble » ?  Ce dédoublement des analyses tient au seul fait que la France et l’Algérie ont également une histoire commune. Mais alors que les dirigeants Marocains n’en retiennent que l’amitié, les Algériens n’y trouvent que matière à subordonner l’ancienne puissance coloniale. La France n’est pas libre dans sa relation avec le Maroc.

Ainsi est oublié l’Appel du Sultan Mohamed Ben Youssef, du 3 septembre 1939 à son peuple, pour qu’il apporte à la France tout son appui contre le Reich nazi. Ainsi est oublié le refus du même Sultan d’appliquer les lois raciales de Vichy. Ainsi est oubliée la reconnaissance du général De Gaulle qui en fit un Compagnon de la Libération.

Le Maroc dispose toutefois d’armes solides dans son affirmation de souveraineté au Sahara. L’histoire comme la géographie, la démocratie très effective qui se traduit par une très forte participation des Sahraouis à toutes les élections, la route qui relie Dakar au Nord de l’Europe et qu’empruntent chaque jour des milliers de camions et de voitures, la place qu’occupent les énergies vertes dans le développement du pays et de ses Provinces du Sud, sont autant de marque de reconnaissance. Enfin depuis son association à l’Union européenne en 2008, le Maroc a des relations économiques, sociales et cultuelles très suivies avec Bruxelles.

Sur ce dernier plan, la volonté affichée de l’Europe à engager des coopérations bilatérales avec le pays doit pouvoir bénéficier d’un accroissement des initiatives. Le Pacte vert très en pointe présenté récemment par la présidente allemande de l’UE constitue une opportunité qui peut y contribuer.

Ce rapide exercice d’analyse des jeux d’acteurs du contexte hostile au Sahara marocain permet d’observer leur caractère ponctuel, ce qui autorise à penser que la politique affirmée du Maroc apportera  la réponse que les Marocains du Sud et du Nord attendent.

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