vendredi 22 septembre 2023

El Atrache: La voix triste

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Farid El Atrache est un auteur, compositeur, interprète, virtuose de l’oud et acteur syro-égyptien, né le 19 octobre 1910 à Soueïda (Syrie) et mort le 26 décembre 1974 à Beyrouth (Liban).

Avec Oum Kalthoum, Fayrouz, Mohammed Abdel Wahab et Abdel Halim Hafez, il est le plus important nom de la musique arabe au 20e siècle. Il joue dans 31 films et enregistre environ 350 chansons. Il compose aussi des chansons pour des chanteurs célèbres tels que Wadih Al-Safi, Sabah et Warda. Sa voix grave et son style « triste » mèneront plusieurs chanteurs sur ses pas. Ses chansons restent très appréciées aujourd’hui.

Enfance et début de carrière

Farid El Atrache est né d’un père syrien et d’une mère libanaise. Issu d’une famille druze royale qui a lutté contre les armées coloniales françaises en poste en Syrie. Farid et sa famille sont contraints de fuir vers l’Égypte en 1920. Il est initié très tôt au chant et à l’oud par sa mère. Il chante tout au long de son enfance et de son adolescence dans les fêtes d’école. Un de ses maîtres du conservatoire lui suggère de montrer ses émotions en chantant plutôt que de garder son air impassible et distant. Il lui conseille de pleurer. La tristesse de ses chants deviendra sa marque caractéristique; il sera appelé le «chanteur triste» tout au long de sa carrière. Au conservatoire, il est l’élève du compositeur renommé Riyad as-Sunbaty.

Farid commence sa carrière professionnelle dans les années 1930 en chantant dans des radios égyptiennes privées. Il est employé comme chanteur et joueur d’oud (ou luth) par la radio nationale. Il enregistre ses premiers succès : Ya Raitni Tayr. Sa sœur, Asmahan, est aussi une actrice et chanteuse reconnue. Ils rencontrent le succès en 1941 avec le film Intisar al-chabab (Victoire de la jeunesse) dont Farid signe la bande originale.

Le succès

Un succès si rapide entraîne le jeune homme dans une vie mondaine agitée : discothèques, affaires sentimentales et jeu deviennent son lot quotidien. Il se retrouve rapidement criblé de dettes et sa mère, désapprouvant son style de vie, rompt ses relations avec lui. À cela, s’ajoute la mort tragique de sa sœur.

Cette période sombre de sa vie le pousse à rechercher le réconfort auprès de la danseuse et actrice Samia Gamal, pour laquelle il risque tout ce qu’il possède. En 1947, il produit Habib al omr (L’Amour de ma vie), dans lequel Samia et lui tiennent la tête de l’affiche. Le film rencontre un énorme succès populaire. Après 5 films, le couple se sépare en 1952 sans s’être jamais marié. Farid considère que le mariage, en tant qu’institution, détruit l’art. Nonobstant, quelques années plus tard, âgé et malade, il demandera sa main à la chanteuse égyptienne Shadia, mais changera d’avis au dernier moment, ne voulant pas faire connaître à la jeune femme un veuvage précoce.

Le succès cinématographique de Farid El Atrache se confirme de même que son succès auprès de ses partenaires féminines, dont il tombe toujours amoureux. Il tient toujours le rôle du chanteur triste et sentimental ; il garde le même nom à travers ses films : Wahid («Solitaire»).

Le succès des films dans lesquels il joue, tient moins au scénario, qu’à ses performances musicales et à la force de sa poésie qui parle au cœur des spectateurs. Il compose des chansons très profondes, dont les plus célèbres sont Ar-Rabi («Le Printemps»), Awell Hamsah («Premier murmure»), Tutah et Raqsitil Gamal (deux pièces musicales).

Certains de ses succès plus populaires et moins chargés, comme Noura Noura ou Gamil Gamal, Leyla ou Hallet layali sont toujours appréciés. Il chante également le nationalisme avec Boussat El-Rih.

En 1952, juste avant le coup d’État qui renverse le roi Farouk I, Farid s’éprend de la reine. Après l’exil du roi et son divorce, celle-ci retourne en Égypte pour y vivre une histoire d’amour mouvementé avec Farid.

La famille de la reine n’accepte évidemment pas le chanteur, principalement pour des raisons politiques. Leur séparation fait sombrer Farid dans une longue dépression. Il tombe malade et son état de santé ne fera que s’aggraver jusqu’à sa mort qui survient à Beyrouth le 26 décembre 1974, à l’hôpital Al Hayek. Ses restes sont rapatriés en Égypte où se trouve sa sépulture, au Caire.

De nos jours

Farid est encore aujourd’hui apprécié et fait partie des grands chanteurs classiques arabes. Ses chansons sont diffusées encore sur les radios arabes et ses films revus sur certaines chaines arabes.

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