jeudi 25 avril 2024

Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme: L’expérience marocaine mise en exergue à Tunis

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L’expérience du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme a été mise en exergue lors d’une conférence régionale organisée, à Tunis, dans le cadre d’un programme conjoint entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe destiné à renforcer la coopération régionale dans les domaines des droits de l’homme, de l’État de droit et de la démocratie.

Au cours de cette conférence organisée sous le thème « Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent : vers une approche coordonnée des droits de l’homme dans la région sud de la Méditerranée », Ashraf El Malki, magistrat à la Présidence du Ministre public du Royaume, a mis l’accent sur l’importance du programme de réconciliation dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et la réinsertion, et des programmes de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus.

Il a expliqué que le programme de réconciliation s’inscrit dans le cadre des efforts de la Délégation générale de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) visant à créer les conditions appropriées pour la réinsertion des détenus condamnés dans les affaires d’extrémisme et de terrorisme, indiquant qu’il s’agit d’une approche scientifique qui complémente les efforts multidimensionnels déployés dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme dans le cadre de la sécurité proactive, de l’immunisation spirituelle et de la lutte contre la vulnérabilité.

Élaboré et mis en œuvre par la DGAPR en s’appuyant sur ses propres ressources en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas, ce programme repose sur trois axes liés à la réconciliation avec soi-même, avec le texte religieux et avec la société, a souligné M. El Malki.

Il a relevé que ce programme tire sa philosophie des Hautes Orientations royales appelant à la promotion des valeurs de citoyenneté, de tolérance et de modération, à la responsabilisation citoyenne des différents segments de la société marocaine et à la réforme de la justice pénale au Maroc, sur la base de la citoyenneté, de la responsabilité et de l’égalité des droits, des devoirs et des chances, en plus de la préservations de la dignité humaine des citoyens détenus.

S’agissant des programmes de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, il a indiqué qu’il s’agit de programmes sociaux et économiques visant à mettre à la disposition de cette catégorie des projets générateurs de revenus en partenariat avec des institutions relevant des secteurs public et privé en vue d’assurer leur réinsertion dans le tissu économique et social.

Concernant la question des mineurs, le magistrat a fait constater que le droit marocain repose sur les principes de la charia islamique pour l’enfant et les dispositions des conventions et traités internationaux ratifiés par le Royaume.

Le droit marocain contient plusieurs dispositions visant à atteindre cet objectif, notamment le relèvement de l’âge de la majorité pénale à 18 ans, la création du système du juge des mineurs au Tribunal de première instance, qui s’est vu confier un rôle actif dans la protection des mineurs, ainsi que la consolidation du rôle joué par le conseiller chargé des mineurs près la cour d’appel, a-t-il enchainé.

Le droit marocain accorde également une importance à la nécessité de « veiller sur les mineurs, corriger leur comportement et les protéger », en réglementant la manière de protéger les enfants en situation difficile en raison des circonstances qui menacent leur éducation, leur santé ou leur moralité, a relevé M. El Malki.

Il a précisé, dans cette optique, que cette protection est garantie au profit du mineur de moins de 16 ans dans le cas où son intégrité physique, mentale ou psychologique, sa moralité ou son éducation sont mises en danger du fait de sa fréquentation de personnes vulnérables à la délinquance, connus pour leur mauvaise conduite, ou ceux ayant des antécédents criminels (…).

Pour sa part, Pilar Morales, cheffe du bureau du Conseil de l’Europe à Tunis et Coordinatrice de la politique de voisinage avec le Sud de la Méditerranée, a appelé à soutenir les bases de la formation régionale face aux discours de haine, à la violence et à l’extrémisme pour développer des politiques conjointes de lutte contre toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme, en partenariat et en coopération avec les agences et institutions gouvernementales et les composantes de la société civile.

Lors de cette conférence, organisée en partenariat avec la Commission nationale tunisienne de lutte contre le terrorisme et la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel, Mme Morales a souligné l’importance d’adopter un système des droits de l’homme englobant toutes les approches et politiques visant à rompre avec un certain nombre de phénomènes tels que la traite des êtres humains et les violences faites aux femmes et aux enfants face à toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme.

De son côté, le chef adjoint de la mission de l’Union européenne en Tunisie, Francisco Acosta Soto, a appelé à intensifier les efforts destinés à prévenir le fléau du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée et à prendre les mesures nécessaires, en renforçant la sensibilisation et l’action pour garantir le droit de chacun à la vie et lutter contre les pratiques liées à la torture et aux mauvais traitements, entre autres.

Rappelant les politiques communes existantes pour protéger les enfants en tant que cibles faciles de l’extrémisme et des discours de haine, il a fait observer que les pratiques humiliantes laissent des traces physiques et mentales difficiles à effacer.

Intervenant par visioconférence, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, Fionnuala Ní Aolái, a évoqué les mesures adoptées au niveau international, en partenariat avec les instances et organisations internationales, pour lutter contre le phénomène du terrorisme et formuler des politiques fondées sur le respect des droits de l’homme, notamment la protection des enfants dans les foyers de tension et les centres de détention.

En plus de soutenir le dynamisme régional en matière de lutte et de prévention de l’extrémisme violent, cette conférence (22-23 juin) s’assigne pour objectif de jeter les bases d’un programme régional de formation des professionnels de la lutte contre le terrorisme.

Cette rencontre vise également à mettre en place des programmes de formation pour les représentants de la Commission nationale tunisienne de lutte contre le terrorisme, de la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel et de l’organisation « Pas de Paix Sans Justice », ainsi que pour des représentants du Maroc, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Libye, et des experts et représentants du Conseil de l’Europe.

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