Ramadan est par essence un mois d’abstinence et de jeûne. Et qui dit jeûne, dit quête de rapprochement de Dieu. Sauf que certains fidèles, pourtant dispensés du jeûne, préfèrent quand même accomplir cette obligation, oubliant que la finalité spirituelle de Ramadan et ce qu’elle implique en termes de rapprochement du Créateur passe immanquablement par la miséricorde envers soi-même.
Pour certains fidèles, âgés ou malades, le plus dur est de ne pas pouvoir jeûner durant ce mois synonyme de piété, de dévotion et de prières, peu importe la cause.
« Pas question que je ne jeûne pas! Faire le Ramadan c’est se sentir plus proche que jamais de Dieu, une félicité que seul le jeûne peut vous procurer », s’insurge Lalla Mina, une dame de 65 ans qui souffre d’une maladie cardiaque.
Elle a assuré avoir « négocié » avec son médecin qui lui toléré de jeûner, à condition de rompre en cas de complication.
Un avis que partagent Sidi Mohammed (59 ans) et Ba-El Arbi (67 ans), tous deux diabétiques, pour qui Ramadan sans jeûne est un mois fade, sans goût.
Cette question, qui taraude les esprits à l’approche du mois sacré, a pourtant été largement discutée et examinée par les médecins et les foukahas. Les personnes dispensées du jeûne sont généralement les personnes âgées, le voyageur en cas d’incapacité, et les malades. Dans les trois cas de figure, l’état de santé est érigé en vertu cardinale, sinon en condition sine qua none pour observer le jeûne.
Dans une déclaration à la MAP, Ahmed Osmane, médecin généraliste, met l’accent sur la nécessité de suivre les instructions du médecin traitant, le seul habilité à trancher si la personne concernée est apte ou non à jeûner, car il est le mieux placé pour connaître le cas de chaque patient.
Évoquant les principaux cas « incompatibles avec le jeûne », il a cité au premier rang les personnes atteintes de cancer qui subissent un traitement de chimiothérapie provoquant des effets secondaires tels que les nausées, les vomissements ou l’altération de l’état général.
Les ulcères gastriques chroniques qui peuvent entraîner des maux et des contractures intenses lorsque l’estomac est vide, allant parfois à des hémorragies, font aussi partie des cas incompatibles avec le jeûne, a-t-il poursuivi.
Il a aussi déconseillé le jeûne aux diabétiques, notamment du diabète de type I, ceux qui prennent de l’insuline, ou le diabète de type II incontrôlable, soulignant que l’avis du médecin traitant est nécessaire dans les deux cas
Les personnes cardiaques sont également dispensées du jeûne, notamment « les patients souffrant d’une insuffisance cardiaque, ceux qui ont des antécédents d’infarctus du myocarde (IDM), ceux qui souffrent d’angor (l’angine de poitrine), ou encore ceux qui souffrent de la valvulopathie (malades des valves cardiaques) », a-t-il poursuivi.
Les personnes souffrant d’une hypertension artérielle peuvent, quant à elles, jeûner sous contrôle de leur médecin traitant qui fera la répartition des médicaments la mieux adaptée à leurs situations.
Par ailleurs, les patients qui nécessitent une prise régulière et ponctuelle de leurs traitements doivent également être dispensés du jeûne. Il est question, a-t-il noté, particulièrement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie du Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH), ainsi que des maladies hépatiques, à l’instar des hépatites virales B et C, et la cirrhose du foie.
Il s’agit également des personnes qui souffrent d’une insuffisance rénale chronique (IRC) et qui nécessitent deux ou trois séances de dialyse par semaine.
Il en va naturellement aussi des maladies neurologiques dont le traitement est strict et précis, à l’instar de l’Alzheimer, la démence, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques et l’épilepsie, des pathologies tout aussi incompatibles avec le jeûne, aux côtés des maladies psychiques, telles que la schizophrénie et la psychose.
S’agissant des femmes enceintes, le médecin a préconisé de les dispenser du jeûne en cas de danger menaçant la santé de la mère ou du fœtus, citant les cas du « retard de croissance du fœtus, la diminution du liquide amniotique, la déshydratation, la diminution des mouvements du fœtus et le diabète gestationnel (diabète de grossesse) ».
La liste peut s’allonger, mais en matière de jeûne, le respect rigoureux des instructions du médecin traitant est incontournable. Après tout, le Miséricordieux a bien précisé dans le Saint Coran: « Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! »