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L’administration américaine est brocardée par l’opposition républicaine pour avoir constamment changé de versions sur l’attaque du 11 septembre contre son consulat à Benghazi. La Maison Blanche a finalement admis vendredi 28 septembre dans la soirée que l’attentat était bien un « acte terroriste » impliquant Al-Qaïda.
A quarante jours de la présidentielle, « l’affaire de Benghazi » fait beaucoup du bruit sur la scène politique américaine, le camp du candidat républicain Mitt Romney accusant celui du président Barack Obama de « chercher à tromper les Américains » en masquant des failles en matière de sécurité et de renseignement à Benghazi (est de la Libye).
Au lendemain de l’attaque qui a coûté la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens et à trois agents américains, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton condamne un « attentat » commis par un « petit groupe sauvage ». Le département d’Etat parle alors d’une « attaque complexe d’extrémistes libyens ». La Libye, de son côté, montre du doigt des partisans « étrangers » d’Al-Qaïda mêlés à ceux du régime déchu du colonel Kadhafi.
« Rassemblement spontané »…
Mais Washington amende rapidement sa version officielle. L’assaut est mis sur le compte d’une « foule en colère » qui manifestait devant le consulat contre le film islamophobe « L’innocence des musulmans ».
L’ambassadrice à l’ONU Susan Rice affirme le 16 septembre sur toutes les télévisions que cette attaque à l’arme de guerre n’était ni « coordonnée », ni « préméditée » et résultait d’un rassemblement « spontané » devant la mission consulaire. La Maison Blanche confirme alors « n’avoir aucune information laissant penser à une attaque planifiée ».
Mais le 19 septembre, le patron de la lutte antiterroriste, Matthew Olsen, reconnaît que ses quatre compatriotes « ont été tués au cours d’une attaque terroriste ». A ses yeux, toutefois, l’attentat a été perpétré « de manière opportuniste ».
Il évoque aussi, très prudemment, des « connexions » possibles entre « des individus impliqués dans l’attaque et Al-Qaïda au Maghreb islamique » (Aqmi). La télévision Fox News affirme même qu’un ancien de Guantanamo, Sufyan Ben Qumu – transféré en Libye en 2007 et libéré un an plus tard – est dans le coup.
Puis « Attaque terroriste planifiée »
La semaine dernière, la Maison Blanche a admis pour la première fois le caractère « terroriste » de l’attaque. « Le président (Obama) pense qu’il s’agit d’une attaque terroriste », a répété mercredi son porte-parole. Le même jour à l’ONU, Hillary Clinton a semblé aller plus loin en faisant dans une phrase alambiquée le lien entre Aqmi et l’attentat en Libye. Le département d’Etat a ensuite tempéré ses propos.
Le secrétaire à la Défense Leon Panetta a lui aussi finalement reconnu jeudi une « attaque terroriste planifiée », mais sans désigner la main d’Al-Qaïda. C’est ce qu’a finalement fait vendredi 28 septembre la Direction du renseignement américain (DNI) en déclarant que « certains (des assaillants) étaient liés à des groupes affiliés à, ou proches d’Al-Qaïda ».
Pain béni pour les républicains
Les républicains ne se sont pas privés pour fustiger ces multiples changements de pied du gouvernement démocrate.
« On nous a d’abord dit qu’il s’agissait d’une manifestation spontanée contre une vidéo et on apprend maintenant que c’était une attaque terroriste planifiée, perpétrée le jour anniversaire du 11-Septembre et impliquant des éléments d’Al-Qaïda! », s’est insurgé sur Fox News le conseiller de Mitt Romney, Eric Fehrnstrom. Il a tenu le président « Obama responsable des tentatives de son gouvernement pour tromper les Américains sur ce qui s’est passé à Benghazi ».
Un influent élu républicain du Congrès, Pete King, a même réclamé vendredi soir la démission de Susan Rice, une très proche du président Obama, la jugeant sur CNN « irresponsable » comme « porte-parole devant le monde entier de la politique étrangère de l’Amérique ».