samedi 20 avril 2024

Tunisie: le parti islamiste se proclame « centriste » » et «  »modéré » » »

-

 

 

 

Lareleve.ma-AFP


  Les islamistes d’Ennahda, au pouvoir en Tunisie, ont adopté dimanche en congrès une motion sur leur engagement « centriste » et « modéré », mais les débats se poursuivaient toujours sur la stratégie du parti dans la soirée, après quatre jours de réunion.

 

  « Le Congrès a presque fini ses travaux, cette nuit nous allons annoncer les résultats lors d’une grande fête », a déclaré le chef historique et co-fondateur d’Ennahda, Rached Ghannouchi, très influent sur la scène politique tunisienne bien qu’il n’occupe aucune fonction officielle.

 

  Ce dernier a répété à plusieurs reprises ces derniers jours que Ennahda, inspiré à l’origine des Frères musulmans égyptiens, devait devenir un parti de gouvernement « modéré ».

 

  Lors d’une conférence de presse, le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki a confirmé que le millier de délégués réunis au Kram, en banlieue nord de Tunis, avaient adopté un texte confirmant cette orientation.

 

  La motion, qui n’a pas été publiée, « conforte les choix centristes et modérés, le bannissement de l’extrémisme », a assuré le responsable.

 

  Mais de nombreuses questions restent encore en suspens. Outre une motion sur la stratégie économique du parti et sur son fonctionnement interne, les délégués n’ont pas tranché leur position concernant la nouvelle Constitution du pays, en cours de rédaction à l’Assemblée nationale constituante (ANC).

 

  Ils ont confirmé qu’Ennahda militera pour un régime parlementaire mais sans déterminer s’il sera pur ou laissera des prérogatives importantes au chef de l’Etat comme le réclament les partenaires des islamistes au gouvernement.

 

  « Nous avons opté pour un régime parlementaire. En fin de soirée le Congrès votera pour déterminer la nature (exacte) de ce régime: soit un régime parlementaire pur, soit un régime remanié », a indiqué M. Mekki.

 

Des débats houleux

 

  Un porte-parole du parti, Nejmedine Hamrouni a par ailleurs reconnu que les débats ont été houleux, opposant en particulier « les jeunes délégués et les anciennes figures ».

 

  Le congrès doit aussi encore renouveler la direction du parti. M. Ghannouchi devrait conserver son poste, sauf surprise, bien qu’il n’a pas fait officiellement acte de candidature.

 

  Il a indiqué souhaiter élargir la coalition au pouvoir à d’autres formations politiques et a dit vendredi qu’un remaniement ministériel pourrait intervenir après le congrès.

 

  Ennahda veut, par ce premier congrès en Tunisie depuis 1988, déterminer sa position en vue des élections prévues en mars 2013. L’enjeu est de transformer ce mouvement, après des décennies de clandestinité, en parti de gouvernement.

 

  Violemment réprimé sous le président déchu Ben Ali, il s’est imposé après les premières élections post-révolutionnaires d’octobre comme le principal partenaire d’une coalition au pouvoir formée avec deux partis de centre-gauche.

 

  Ennahada s’est fixé pour objectif d’être une formation de consensus mais doit pour cela concilier les modérés et les tenants d’une ligne plus radicale, qui seraient minoritaires.

 

  L’opposition parlementaire accuse pour sa part ce parti de tentations hégémoniques, craignent une islamisation rampante du pays et réclament un gouvernement d’union nationale.

 

  Ennahda est notamment accusé d’avoir manqué de fermeté face à la mouvance salafiste responsable de plusieurs coups d’éclat ces derniers mois.

 

  Le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki et Ettakatol, les deux partis du centre-gauche alliés à Ennahda, jugent pour leur part que le parti islamiste a intégré les principes républicains.

 

  Ainsi, Ennahda a renoncé à faire inscrire expressément la charia « la loi coranique » dans la Constitution.

- Advertisment -