vendredi 29 mars 2024

Najib Akesbi : il faut surtout, réformer le système fiscal

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  Après les augmentations des prix des carburants les réactions fusent de tous cotés, Najib Akesbi, économiste marocain et Professeur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, donne son point de vue sur la réforme à même d’endiguer la crise économique au Maroc.

 

  Le gouvernement est aujourd’hui en quête de fonds pour remédier au déficit de 26 milliards DH de la Caisse de compensation. Quelles sont, selon vous, les alternatives face à ce problème?

 

  Il est évident que les mesures du gouvernement de réduire ses dépenses, notamment son train de vie, autant que l’augmentation des prix du carburant, peuvent atténuer en partie le poids de ce déficit, mais ce n’est pas suffisant. Ce qu’il faut surtout, c’est réformer le système fiscal. C’est, selon moi, la solution à moyen terme qui peut sauver notre économie. Ainsi les mesures proposées par le gouvernement jusqu’alors restent de simples tentatives de plâtrage. Parce que c’est évident que les augmentations vont se succéder de toute façon. Parce que c’est automatique, il y a des hausses au niveau mondial et forcément elles vont se répercuter au niveau local.

 

Est-ce que l’endettement est inévitable?

 

  A court terme, la principale solution réside dans l’endettement qu’il soit intérieur ou extérieur. Mais force est de constater que dans un environnement peu favorable marqué par la crise financière, l’endettement a un coût avec des taux d’intérêt importants et une prime risque tout aussi conséquente vu la situation financière du Maroc marquée par un déficit qui se situe en réalité au-delà des 5% estimés par le ministère de l’économie et des finances.

 

  Par ailleurs, le gouvernement avait l’occasion lors des amendements de la loi de Finances 2012 de faire un premier pas vers la réforme fiscale tant attendue. Ceci en mettant en place un impôt sur la fortune. Sauf qu’il n’a pas exploité cette occasion, préférant sacrifier les classes pauvres et les classes moyennes. Un tel impôt sur la richesse aurait pu donner un signal politique réconfortant ces classes, comme quoi les sacrifices doivent être faits par tous et pas que par les classes les plus vulnérables. 

 

Qu’en est-il de la réforme de la Caisse de compensation ?

 

  Maintenant la vraie solution tout le monde l’a dite, il faut réformer le système. Il faut le changer, il faut passer d’un système de subvention à travers les prix à un système d’aide directe au revenu. Il faut que l’Etat se comporte comme un Etat de droit en ayant des responsabilités vis-à-vis des pauvres. Il peut, par exemple, donner 1.000 DH à chaque ménage, avec un million de ménages pauvres on a un total de 12 milliards DH, c’est moins du quart des 52 milliards dépensés aujourd’hui pour la Caisse de compensation. On peut étendre cet exercice à la classe moyenne. Ainsi il faut que le gouvernement pense à des réformes courageuses.

Par l’ALM.

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