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Les Egyptiens attendaient dimanche soir avec anxiété le résultat du second tour de la première élection présidentielle libre de son histoire qui opposait samedi et dimanche Ahmed Chafik, dernier chef du gouvernement d’Hosni Moubarak, à Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans.
Les bureaux de vote ont fermé à 22h00 (20h00 GMT) et l’entourage des deux candidats qualifiés pour le second tour affirmait que leur champion se dirigeait vers la victoire.
Les Frères musulmans ont déclaré que Mohamed Morsi était en tête après les premiers résultats partiels, dans une proportion de deux contre un, mais on ignore quand parviendront les premières estimations officielles. A l’issue du premier tour, les 23 et 24 mai, il avait fallu attendre plusieurs heures.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011, fera lundi une déclaration constitutionnelle qui donnera au nouveau chef de l’Etat le pouvoir de nommer un gouvernement, selon des sources autorisées.
Mais l’armée conservera le pouvoir législatif, conséquence de la dissolution du parlement sur décision de la Haute Cour constitutionnelle jeudi, une décision que les Frères musulmans, qui disposaient d’une large majorité depuis les législatives pluralistes de l’hiver dernier, ont assimilée à un coup d’Etat.
Le taux de participation, qui s’était élevé à 46% au premier tour, n’aurait pas augmenté lors du second tour, à en croire des responsables de la commission électorale.
Beaucoup parmi les 50 millions d’électeurs inscrits se sont refusés à choisir entre un fidèle du président déchu et un candidat qui se présente au nom de Dieu.
« J’AI BARRÉ LES DEUX NOMS »
Certains ont déposé dans l’urne un bulletin hostile aux deux hommes. « J’ai barré les noms de Morsi et Chafik parce qu’aucun ne mérite d’être président », a déclaré Saleh Achour, un commerçant cairote de 40 ans.
Ahmed Chafik, 70 ans, dit avoir retenu les leçons de la « révolution du Nil » il y a seize mois et promet de donner au pays prospérité et sécurité. Morsi, 60 ans, a tenté d’élargir sa base électorale en s’engageant à préserver le pluralisme et à mettre un terme définitif à la mainmise de l’armée sur le pays.
Une victoire de Chafik, ancien commandant de l’armée de l’air, donnera inévitablement lieu à de nouvelles protestations de la part des révolutionnaires de la place Tahrir et des islamistes, qui craignent un retour à l’ancien régime.
S’il l’emporte, le mandat de Mohamed Morsi, arrivé en tête au premier tour, pourrait rapidement se résumer à un affrontement stérile avec l’appareil militaire.
« L’élite ne coopérera pas. Si Morsi gagne, il y a aura une confrontation à laquelle les Egyptiens – moi le premier – ne sont pas préparés », affirme Achraf Rachouane, un homme d’affaires interrogé dans le quartier du Nouveau Caire.
« Chafik, c’est la transition douce. Il a tiré les enseignements de l’échec de Moubarak et saura écouter le peuple », ajoute-t-il.
Malgré les fraudes dont les deux camps s’accusent, les observateurs n’ont signalé que des incidents mineurs après la première journée du scrutin, samedi, qui s’est globalement déroulée dans le calme.
Une altercation entre vendeurs de rue au Caire a toutefois dégénéré en fusillade dans la nuit de samedi à dimanche, selon des médias locaux qui font état de deux morts, mais l’incident ne semble pas lié à l’élection.